L’ODE AU ROMAN
Romancier, essayiste, auteur notamment des Sept noms du peintre et des Années insulaires, Philippe Le Guillou nous fait partager avec son nouvel ouvrage sa bibliothèque romanesque idéale. Dans cette promenade subjective à la fois érudite et buissonnière, on croise « des grands noms, et des moins grands, des établis et des oubliés » (qui a lu Claude Faraggi ?). Tous les classiques sont au rendez-vous : de Rabelais à Gracq en passant par Balzac, Chateaubriand ou Stendhal. Par ailleurs, Le Roman inépuisable autorise l’écrivain à dévoiler ses passions intimes et ses « intercesseurs » (Gide, Tournier, Grainville, Proust, les romanciers liés à la Bretagne…). Des maudits (Drieu, Tony Duvert, Richard Millet…) côtoient des grands brûlés (Huysmans, Bloy, Barbey…) ou des maîtres du divertissement (Jules Verne, Maurice Leblanc…) à travers un kaléidoscope mêlant la chronologie, les courants, les modes, les genres. Se plaçant sous l’égide de Kléber Haedens et de Jacques Laurent, Le Guillou – plutôt Hussards que nouveau roman – signe une manière d’anthologie passionnée et passionnante, guidée par le plaisir et la curiosité, dans laquelle il n’hésite pas à bousculer ses propres préjugés. Dédié au roman, ce « jeune homme vert », « libre et polymorphe », qui a résisté «à toutes les attaques, toutes les défigurations », qui a survécu « à toutes les entreprises de déstructuration et de destruction », ce vagabondage plein de générosité est un acte de foi en la fiction, inépuisable source d’émerveillement dont le premier mérite est de nous arracher « à la fadeur et à l’insignifiance du temps. »