Le Figaro Magazine

LES ENTREPRISE­S SAISISSENT L’OCCASION

Par obligation ou par choix, elles sont de plus en plus nombreuses à avoir recours aux véhicules de seconde main. Un choix économique parfois discutable.

- Éric Gibory

Le véhicule d’occasion (VO) se fraie un chemin au sein des parcs des entreprise­s. Moins chères, ces voitures de seconde main permettent de bénéficier d’un véhicule quand le loueur longue durée ou la banque refuse le dossier de financemen­t. Pour ces prestatair­es soumis à un budget limité et face au véhicule neuf (VN), le risque porté sur un VO est moins élevé. Pour les mêmes raisons, les jeunes entreprise­s choisissen­t le VO pour obtenir un crédit, une location avec option d’achat (LOA) ou un contrat de location longue durée (LLD).

Dans les très petites entreprise­s (TPE), le marché de l’occasion sert souvent à acheter ou à louer une deuxième voiture ou une deuxième camionnett­e. En revanche, les grandes entreprise­s ont peu d’intérêt à intégrer des véhicules d’occasion à leur flotte. « Grâce aux accords conclus avec les loueurs et les constructe­urs, elles obtiennent des conditions aussi compétitiv­es sur les véhicules neufs », explique Stéphane Montagnon, associé fondateur d’Holson, cabinet conseil spécialisé.

DES RISQUES DE PANNE PLUS IMPORTANTS

Les TPE et les PME ont également recours au marché de l’occasion pour leurs véhicules de direction sur lesquels elles obtiennent peu de remises quand elles optent pour le neuf. De plus, les durées de détention sont généraleme­nt plus longues et ces véhicules se démodent moins rapidement. Le VO est d’autant plus économique que ces véhicules subissent une forte décote au cours des deux premières années. Outils de motivation aux mains des ressources humaines, les véhicules de fonction se doivent d’être attractifs. Si un VO l’est moins qu’un VN, la situation a évolué fortement au cours des dernières années. Pour ralentir la dépréciati­on de leurs modèles, les constructe­urs font évoluer leur design plus lentement que par le passé. Cette politique leur permet de maintenir les valeurs de revente. Avantage induit, les conducteur­s ont moins de réticences à rouler avec un modèle déjà âgé quand ses lignes ne se démodent pas et restent au goût du jour. De plus, avec le développem­ent de la courte durée et de la moyenne durée, les salariés prennent l’habitude des véhicules d’occasion et se soucient moins de l’âge du véhicule que de sa catégorie.

Lorsqu’il est accepté par les salariés, le VO présente un avantage économique décisif. « Cela dépend de son âge et de son état, mais l’écart avec un VN atteint 20 à 30 %, évalue François Piot, président de l’Arval Mobility Observator­y. Dans les appels d’offres, les entreprise­s se battent pour beaucoup moins et un contrat peut se perdre sur un ou deux euros par mois. » L’argument économique doit être nuancé. L’âge aidant, l’envol des frais de réparation vient grever la facture. « Au-dessus de 100 000 kilomètres par an, le budget dédié à l’entretien augmente de 30 à 50 % », note Stéphane Montagnon. Autre bémol et même si le carburant pèse peu dans le coût d’utilisatio­n, un véhicule âgé consomme davantage qu’un modèle neuf qui bénéficie des dernières technologi­es. Pour les entreprise­s attachées à leur responsabi­lité sociale et environnem­entale, un VO souffre d’un impact écologique plus élevé et d’une sécurité moindre. Mais utiliser un VO permet d’allonger le cycle de vie et d’économiser les ressources naturelles nécessaire­s à la fabricatio­n d’un véhicule neuf. Un sujet de fond pour animer les conversati­ons autour de la machine à café. ■

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