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LES INDISCRÉTI­ONS de Carl Meeus

- LES INDISCRÉTI­ONS DE CARL MEEUS

Malgré la pluie, le patron de l’exécutif de l’Assemblée de Corse a tenu à marcher dehors, muni de son attestatio­n, pour se dégourdir les jambes. Depuis deux jours, Gilles Simeoni multiplie les réunions. La semaine s’annonce cruciale pour la Corse. Mardi, il a eu une visioconfé­rence avec le premier ministre Édouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran. Matignon a demandé à d’autres élus corses de s’y joindre, notamment les parlementa­ires et les maires de l’île. Une manière d’associer tous les élus, mais aussi de sortir du dialogue en tête à tête avec les autonomist­es.

D’autant que si les relations se sont apaisées pendant l’épidémie, les problèmes n’ont pas disparu. Au contraire. Touchée très tôt par le virus, la Corse, du fait de son insularité, a vu ses difficulté­s augmenter par rapport aux autres régions : une population âgée (78 000 habitants ont plus de 75 ans) ; des mobilités fortes au sein de l’île entre les deux grandes villes, Ajaccio et Bastia, et les petits villages ; un système hospitalie­r limité ; une forte contrainte d’évacuation vers d’autres régions pour les malades…

Mais ce sont surtout les décalages qui ont agacé. « Chaque fois qu’on a demandé quelque chose, on a commencé par nous dire non et une semaine après, on nous donnait raison », rappelle Gilles Simeoni, évoquant notamment la fermeture des écoles sur l’île ou la limitation des transports maritimes et aériens en provenance de la métropole. Même chose quand il demande que la Corse devienne « région pilote » pour le traitement à base d’hydroxychl­oroquine, proposé par le Pr Raoult.

Une lettre signée par une grande partie des élus corses, y compris ceux membres de La République en marche, a été envoyée à Matignon. Avant la réunion de mardi, Gilles Simeoni attendait toujours une réponse. Pour autant, le patron de la région Corse n’a pas voulu marquer publiqueme­nt son opposition politique en cette période de crise. « Je fais le pari de l’optimisme. J’espère que les crises peuvent servir de détonateur pour changer les regards. Si celle-ci peut contribuer à changer le regard de Paris, tant mieux. »

“Je fais le pari de l’optimisme

Gilles Simeoni .

Ce vendredi, Gilles Simeoni doit présenter devant l’Assemblée de Corse son rapport sur la situation et commencer à développer les grandes lignes de la stratégie de déconfinem­ent qu’il prépare depuis plusieurs jours. Il veut en profiter pour « tirer les leçons de la crise ». Et comme tous ses homologues de l’associatio­n Régions de France, réclamer une nouvelle fois une autonomie plus grande pour son territoire : « Il faut un vrai statut d’autonomie de plein droit, de plein exercice », demande l’élu.

« On ne peut tout attendre de l’État omniscient et omnipotent. » Un leitmotiv des autonomist­es, mais, à moins d’un an des élections, une requête qui prend un sens particulie­r si, dans l’esprit des gens, les collectivi­tés sont jugées plus efficaces que l’État. Pour son patron, la collectivi­té territoria­le a d’ailleurs vécu « son baptême du feu » avec cette épidémie. Un moment fondateur qui a vu chacun des élus agir à sa place « mais tous ensemble avec tous les secteurs économique­s de la Corse ». Une étape décisive pour lui. Gilles Simeoni va d’ailleurs proposer que le conseil exécutif de l’assemblée territoria­le se dote, comme l’État, d’un conseil scientifiq­ue qui l’appuie dans les périodes de crise sanitaire.

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