DES CONFINÉS SUR UN PLATEAU
De leurs discussions jaillit la confusion.
Le coronavirus n’a pas enrayé l’épidémie de bavardage. Bien au contraire. La télé n’arrête pas de jacasser à ce sujet. Depuis plus d’un mois, du matin au soir, une bonne douzaine d’émissions rassemble, sur 10 chaînes, pas moins de cinquante quidams, rapidement qualifiés « experts » ou « consultants », réunis pour se contredire. Chacun y vend sa soupe et ses idées fixes. Si certains restent chez eux et interviennent par téléphone, la plupart sont en plateau.
Qu’y font-ils donc à piapiater ?
Sont-ils indispensables à la vie de la nation ? Que serait la France sans Morandini (CNews, 10 h 35) ni Truchot (RMC Story, 9 h et BFM 17 h) ? Pourquoi ne respectent-ils pas tous les distances ni les « gestes barrières » ? Les postillons qui accompagnent leurs éclats de voix ne sont-ils pas dangereux ? Pourquoi les racines d’Arlette Chabot (LCI, 17 h) ne sont-elles pas au carré alors que celles d’Audrey Crespo-Mara (LCI, 10 h) sont impeccables ? Les maquilleuses ne risquent-elles pas leur vie pour talquer la frimousse d’Yves Calvi (Canal+, 18 h 30) ? Ne sont-elles pas elles aussi des « héroïnes du quotidien », selon la formule convenue ? Ne devrait-on pas les applaudir à 20 h ? Ces questions seront peut-être au sommaire des prochains débats. Ce qui est sûr, c’est que de ces discussions ne jaillit aucune lumière.
Ça n’est d’ailleurs pas fait pour ça. Une table, des sièges, deux ou trois projecteurs, des gens qui parlent pour ne rien dire : voilà comment faire, sinon de la bonne télé, au moins des programmes à bas coût.