LA CGT, CHAMPIONNE DE L’ANTIJEU
La centrale ne cache plus son objectif : empêcher la reprise du travail. Une tactique qui ne peut que nuire aux emplois.
Sandouville, c’est Renault, en banlieue est du Havre ; or, Le Havre, c’est Édouard Philippe, qui en était le maire et y faisait encore campagne aux premiers jours du mois de mars. Quand la CGT frappe à Sandouville, elle vise Renault, en même temps qu’Édouard Philippe. Et pourquoi à Sandouville ? Parce que la CGT est parvenue à y garder une place de leader syndical là où elle l’a perdue dans l’ensemble des implantations industrielles du groupe Renault.
Aux élections professionnelles de l’an dernier, elle avait réussi à y conserver un demi-point d’avance sur son principal concurrent, FO : 35,6 % contre 35 %, laissant 20,3 % aux cadres de la CFE-CGC et 9 % à la CFDT… Tandis que chez Renault, tous établissements confondus, la CGT n’était plus que troisième, derrière la CFECGC et la CFDT !
Le mardi 28 avril, après six semaines de fermeture du site pour cause de coronavirus et remise de l’usine aux nouvelles normes de santé et de sécurité, près d’un millier de salariés reprennent la route de Sandouville. Cela représente la moitié des effectifs, en attendant les autres auxquels doivent s’ajouter 700 intérimaires : les carnets de commandes des utilitaires Renault Trafic sont en effet pleins pour deux mois ! C’est sans compter avec la CGT. En retard au moment de la fermeture du site, elle se rattrape : le 24 avril, elle a déposé devant le tribunal du Havre un dossier affirmant que la reprise de la production du site était entachée de vices de forme et ne permettait pas d’assurer « la sécurité des travailleurs de l’usine face au risque lié au Covid-19 »…
Le 7 mai, les juges donnent raison à la CGT : ils ordonnent la fermeture de l’établissement au motif que la direction devait notamment « organiser et dispenser pour chacun des salariés une formation pratique et appropriée »
– avant toute reprise du travail !
Le délégué de FO proteste :
« Les mesures mises en place sont correctes », dit-il. Peu importe, l’usine qui démarrait est fermée. Sa direction décide aussitôt de faire appel. Deux jours plus tard, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, condamne, au micro de France Inter, la posture
« irresponsable et infondée »
de la CGT. Sur place, le représentant cégétiste poursuit sa bataille en s’en prenant, non plus aux conditions de travail dans son établissement, mais à celles de « l’ensemble des industries » : on est en train, dit-il, de procéder à une
« attaque majeure contre le code du travail »…
Renault attend la réouverture du site en appel, comme Édouard Philippe compte bien sortir de ce billard à deux bandes.