DÉFENSE : AU-DELÀ DE L’ENTENTE CORDIALE
Malgré le Brexit, les liens militaires se sont maintenus entre la France et l’Angleterre, les deux puissances nucléaires européennes.
Les neuf Hawk des Red Arrows britanniques et les neuf Alphajet de la Patrouille de France ont strié le ciel de Paris et celui de Londres. C’était une première, le 18 juin, ce survol du Mont-Valérien et des Invalides, le matin, puis celui de la capitale anglaise, l’après-midi, où le président de la République allait rencontrer, outre le prince Charles, le premier ministre britannique.
Une manière de saluer les 80 ans de l’appel du général de Gaulle aux Français à son micro londonien. Mais Français et Britanniques entendaient bien montrer que l’alliance scellée par l’Appel s’était renouvelée il y a dix ans par un traité militaire, celui de Lancaster House, signé au mois de novembre 2010 par notre président de la République et le premier ministre britannique. Entre-temps, Emmanuel Macron a succédé à François Hollande et Nicolas Sarkozy, comme Boris Johnson à Theresa May et David Cameron. Mais, malgré les vicissitudes politiques en France et surtout au Royaume-Uni, où le Brexit a rompu les amarres avec l’Union européenne, les liens militaires se sont maintenus entre les deux puissances nucléaires. Cette dixième année des accords devrait d’autant plus marquer une étape de consolidation que les relations politiques ont été bouleversées.
Le traité de novembre 2010 prévoyait « un niveau de confiance mutuelle sans précédent », « une capacité de défense robuste » entre les deux acteurs. Il contenait aussi des coopérations dans le transport aérien, avec l’A400M, la fabrication de missiles et de mines, et même un projet de drone… Mais les Anglais sont des Anglais et leurs relations avec les Américains priment sur tout le reste ! Français et Britanniques ont néanmoins mis en oeuvre cette nouvelle coopération militaire en agissant ensemble en Libye, en 2011, pour le renversement de Mouammar Kadhafi. C’était la première fois, depuis les opérations de Suez, en 1956, que les deux nations se retrouvaient dans une même action. Puis les Britanniques ont assuré le soutien des Français au Sahel, dans les opérations Serval et Barkhane, ainsi qu’au Levant.
Côté exercice, l’idée consiste à réunir les éléments d’opérations militaires combinées, les manoeuvres Griffin Strike, rassemblant plus de 5 500 militaires dont 2 000 Français, mêlant marins, aviateurs et fantassins de la 9e brigade d’infanterie de marine. Le but est de parvenir à la mise au point, cette année, d’une force expéditionnaire conjointe. Une première qui devrait devancer en capacité d’action la brigade franco-allemande.