Le Figaro Magazine

TOURNE À PLEIN POUR L’INSTANT

Achats, visites et ventes ont redémarré immédiatem­ent avec beaucoup de vigueur. Mais les interrogat­ions demeurent pour les mois qui viennent.

- Jorge Carasso et Jean-Bernard Litzler

ACTIVITÉ : ACHETEURS ET VENDEURS SONT PRÉSENTS EN MASSE

Certains ont pu craindre que la liberté de mouvement retrouvée ne débouche sur une période d’attentisme. Il n’en a rien été. Acheteurs et vendeurs ont repris leurs projets, en plus grand nombre qu’avant. « La reprise a été forte dans toutes les régions, se félicite Laurent Vimont, président de Century 21 France. Nos chiffres de juin 2020 seront supérieurs à ceux de juin 2019, qui était pourtant une année exceptionn­elle. » Si l’envie de disposer d’espaces extérieurs semble largement se confirmer (avec une possible hausse des prix sur ce type de biens), on n’observe pas, pour l’instant, de ruée vers les campagnes, évoquée un moment durant le confinemen­t. « Le besoin d’immobilier est toujours très présent, confirme Éric Allouche, directeur exécutif d’Era immobilier. Mais le gros de la demande n’a pas changé et reste concentré sur les zones tendues, notamment en région parisienne et à proximité des villes dynamiques. » Les vendeurs, eux aussi, sont présents et tentent de maintenir leurs prix dans un marché où l’offre reste inférieure à la demande.

DÉLAIS D’ACHAT ET DE VENTE : GARE À L’ENGORGEMEN­T

Si les visites et les négociatio­ns s’enchaînent à un bon rythme dans les agences immobilièr­es, lorsqu’il s’agit de finaliser les transactio­ns c’est autre chose. Les tensions nées durant le confinemen­t entre notaires et agents immobilier­s semblent vouées à se prolonger. Il est vrai que les études de notaires sont diversemen­t digitalisé­es et que bon nombre d’entre elles sont aujourd’hui engorgées. D’autres délais administra­tifs devraient aussi compliquer les transactio­ns immobilièr­es : il est souvent difficile d’obtenir rapidement une déclaratio­n d’intention d’aliéner (formalité nécessaire pour vendre un bien en zone de préemption, NDLR). Même chose pour décrocher un état daté, autre document indispensa­ble, cette fois-ci pour vendre un bien situé dans une copropriét­é. Enfin, les banques ont très sensibleme­nt augmenté le temps pour étudier un dossier de crédit immobilier. Tous ces engorgemen­ts mis bout à bout montrent que la situation ne sera pas encore revenue à la normale en septembre.

RÉSIDENCES SECONDAIRE­S : UN RETOUR EN GRÂCE

Marché longtemps malmené, les résidences secondaire­s semblent se trouver une nouvelle clientèle. Plutôt que déménager purement et simplement au vert, une clientèle aisée craque pour une maison située à une distance raisonnabl­e de sa résidence principale. « Nous avons beaucoup d’intérêt pour des biens de ce type autour de Sens, Compiègne, Chartres, Pacy-sur-Eure ou encore Marne-la-Vallée, souligne Laurent Vimont. Le confinemen­t a poussé ces clients à l’achat pour vivre un peu différemme­nt. Ils comptent notamment y passer des week-ends à rallonge grâce au télétravai­l. » Sur une vingtaine de ventes réalisées récemment autour de Chartres, le tiers concernait des Parisiens à la recherche d’une résidence secondaire.

LUXE : UN REDÉMARRAG­E SOLIDE

À Paris et dans le croissant Ouest, depuis le 11 mai, les appartemen­ts de standing, de 1 million d’euros et plus retrouvent grâce aux yeux des acheteurs. « On a perdu des plumes pendant le confinemen­t, mais on est étonné de la vigueur de la reprise », indique Charles-Marie Jottras, président du groupe Daniel Féau. Les vendeurs sont, eux aussi, de retour. Pour autant, le regain d’offres ne pèse pas sur les prix, pour les biens sans défauts tout du moins. En dessous des 2,5 millions d’euros, il y a traditionn­ellement beaucoup d’acheteurs pour peu de vendeurs. Les terrasses ou les jardins valent de l’or, bien plus qu’hier. « Après ces deux mois éprouvants, un tiers de nos prospects ont réorienté leurs recherches sur des biens avec un extérieur », indique Thibault de Saint Vincent, président du réseau Barnes. Les appartemen­ts entachés de défauts (peu lumineux, rez-dechaussée…) subissent de vraies décotes, de 5 à 10 %. Enfin, le marché de bord de mer connaît aussi un engouement rare, notamment la côte Atlantique. Les possibilit­és offertes par le télétravai­l n’y sont sans doute pas étrangères.

ACHETEURS ÉTRANGERS : UN COUP D’ARRÊT

Au-delà de 4 millions d’euros, le marché est à la peine. « Sur ce segment, 90 % des acheteurs sont étrangers. Or ils ne peuvent pas prendre l’avion », rappelle Thibault de Saint Vincent. Et, de manière générale, la clientèle étrangère a disparu quelle que soit la gamme de prix. Pour autant, l’intérêt demeure intact. Le site Christie’s, qui recense les offres du groupe Daniel Féau à l’étranger, a connu une hausse de sa fréquentat­ion de 60 % ces dernières semaines. Les profession­nels parient sur un retour de l’activité dès que les restrictio­ns seront levées.

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