LA DEMANDE EST LÀ, MAIS L’OFFRE EST RARE ET CHÈRE
Mauvaise avant la crise, la situation de la construction n’a fait qu’empirer. Et, pourtant, le besoin et la demande restent importants.
CONSTRUCTION : UNE ANNÉE CALAMITEUSE
Présentées à la mi-juin, les dernières statistiques de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) étaient calamiteuses. Ces chiffres du premier trimestre ne comptaient pourtant que 15 jours d’impact de la crise sanitaire et le deuxième trimestre sera mécaniquement bien pire. Avant même le Covid-19, la période préélectorale a joué à plein son rôle de repoussoir pour les permis de construire. Et, entre arrêt des chantiers et campagne municipale à rallonge, la construction ne risque pas de se redresser cette année. Selon les calculs de la FPI, le nombre de logements collectifs autorisés pourrait diminuer de 100 000 entre 2019 et 2020. Au rythme où vont les choses, la situation pourrait avoir un lourd impact sur l’emploi du secteur, tout en continuant de creuser le déficit d’offre. « Si le gouvernement intègre l’industrie de la construction neuve dans son plan de relance, elle pourra générer de la croissance et sauver des milliers d’emplois, estime Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI. Il faut que ce plan de relance non seulement recrée de la confiance, mais aussi accélère la transformation écologique et numérique de notre secteur. »
LA DEMANDE : TOUJOURS SOUTENUE
Si les chiffres de la construction sont aussi mauvais, ce n’est pas dû au désintérêt des acheteurs mais plutôt à la rareté de l’offre. « Les clients sont bien là et s’intéressent toujours autant à l’immobilier, souligne Helen Romano, vice-présidente de Nexity immobilier résidentiel. Et cette crise, avec son lot de divorces, de déménagements et de naissances, continuera à alimenter les besoins en nouveaux logements. » « La demande est toujours importante, l’activité commerciale est très forte mais nous vendons désormais beaucoup plus à des institutionnels qui reviennent sur le marché résidentiel », explique, de son côté, Nordine Hachemi, PDG de Kaufman & Broad. Alors que la pénurie sévit plus que jamais en région parisienne et dans les métropoles régionales, le confinement a remis à l’honneur les villes moyennes avec leur juste équilibre entre qualité de vie et offre de services. « Les villes moyennes connectées, modernes ont un bel avenir, assure Cyril Ferrette, viceprésident de Nexity immobilier résidentiel. Reims, par exemple, est mieux reliée à Paris que la grande couronne, parfois, tout en offrant des tarifs beaucoup moins élevés et une vie culturelle riche. Nous développons également des résidences seniors Aegide Domitys dans des villes telles que Lille, Cahors ou Villepinte. »
LES PRIX : TROP ÉLEVÉS POUR CAUSE DE PÉNURIE
Une offre trop limitée et des terrains toujours plus chers alimentent la hausse des prix. Les professionnels en appellent depuis longtemps à un meilleur encadrement fiscal ou à un engagement plus important des collectivités locales, dont certaines vendent leur terrain au prix fort, mais rien n’y fait. « Avec l’envolée des coûts du foncier, nous avons un problème d’adéquation du prix avec le pouvoir d’achat des accédants », reconnaît Nordine Hachemi. Le dernier baromètre du site Trouverun-logement-neuf montre ainsi qu’à fin mai le prix d’un trois-pièces avait progressé dans huit des dix principales villes françaises. Des hausses qui peuvent atteindre 8,7 % à Lille ou encore 5,6 % à Montpellier et 4,2 % à Toulouse. Seules Marseille (stable) et Nantes (en baisse de 2,6 %) échappent à cette tendance.
Malgré cette situation compliquée, l’envolée encore plus importante des prix de l’immobilier ancien en Île-deFrance peut aboutir à ce résultat étonnant : le neuf peut être moins cher que l’ancien. C’est le cas à Asnières (Hauts-de-Seine) et à Créteil (Val-deMarne) où, selon une étude du site SeLoger, l’explosion de la demande dans l’ancien est telle que l’on se loge à meilleur compte dans le neuf. ■