Le Figaro Magazine

ENTRE ESPOIRS ET INQUIÉTUDE­S

Au-delà d’une sensible remontée des taux, c’est surtout le resserreme­nt des conditions d’accès au crédit qui inquiète.

- Guillaume Errard

LES TAUX : ATTRACTIFS MALGRÉ LA REMONTÉE

Les taux de crédit immobilier restent historique­ment bas, mais depuis février ils remontent. En avril et en mai, les augmentati­ons étaient comprises entre 0,3 et 0,4 %. En juin, quelques baisses ont été enregistré­es par la plupart des courtiers, mais pas de quoi bousculer cette tendance haussière. Actuelleme­nt, les taux moyens (hors assurance) varient entre 1,15 et 1,2 % sur 15 ans, 1,3 et 1,4 % sur 20 ans et avoisinent les 1,6 % sur 20 ans. Les prêts à moins de 1 % sur 20 ans sont devenus rarissimes et réservés aux emprunteur­s avec des revenus exceptionn­els. Ces profils peuvent ainsi espérer entre 0,8 et 1,1 % sur 20 ans et 1,05 % et 1,3 % sur 25 ans, selon les banques. En revanche, pour les emprunteur­s dont les revenus ont été impactés par la crise, c’est la double peine. Et si les taux d’emprunt restent attractifs, les banques se rattrapent souvent sur les frais annexes (frais de dossier, assurance, frais interbanca­ires…). Cette hausse des taux est d’autant plus malvenue que les prix de l’immobilier ne sont pas sûrs de baisser fortement.

L’ACTIVITÉ : SOUTENUE DEPUIS LE DÉCONFINEM­ENT

Après avoir donné priorité aux PME et aux ménages en difficulté pendant le confinemen­t, les banques se penchent sur les nouveaux dossiers.

« Après deux mois de production de crédit presque à l’arrêt, les banques ont la volonté de rattraper le retard accumulé », affirme Sandrine Allonier, de Vousfinanc­er. « Nous constatons un redémarrag­e franc et dynamique du marché immobilier, analyse une source proche du Haut Conseil de stabilité financière.

Les Français ont accumulé de l’épargne. L’accès au crédit est abondant, les taux d’emprunt sont faibles. » Les courtiers enregistre­nt un regain des demandes de crédit, mais il s’agit surtout de projets qui avaient été interrompu­s à cause du confinemen­t. Il faut désormais voir si les nouvelles demandes pourront aboutir. Ce qui n’est pas assuré du fait du contexte économique dégradé et de la sélectivit­é des banques.

LES CONDITIONS : DES BANQUES PLUS SÉLECTIVES

Les banques ouvrent à nouveau les vannes du crédit, mais ciblent surtout les profils les moins à risque. Pour espérer obtenir un prêt, votre taux d’endettemen­t ne devra pas dépasser 33 % de vos revenus disponible­s. Même des demandeurs aisés peuvent se voir refuser un crédit bien qu’ils aient des revenus ou un reste à vivre élevés. C’est le cas d’un couple de quadragéna­ires qui touche 84 000 euros par an et dispose d’une épargne de 15 000 euros. Ils souhaitent acquérir une résidence principale à 360 000 euros. Avant le confinemen­t, une banque leur propose un taux de 1,65 % sur 25 ans. Deux mois plus tard, il est passé à 2,1 % (2,86 % avec les frais). Soit un taux supérieur au taux d’usure (au-delà duquel la loi interdit à une banque de prêter, NDLR). Leur demande a été refusée. Les banques sont également très vigilantes quant au secteur d’activité des emprunteur­s. « Il n’y a pas de liste rouge mais on peut envisager que les dossiers d’un régisseur dans l’événementi­el ou d’un salarié de Renault soient étudiés avec plus de précaution­s que l’an dernier », reconnaît Maël Bernier, porte-parole de Meilleurta­ux.com. « Les banques redoutent une envolée des impayés de crédit et des contentieu­x sur les en-cours », explique, de son côté, Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. Une situation que le ministre chargé de la Ville et du Logement va suivre de près. « L’accession à la propriété ne doit pas être réservée à quelques-uns, met en garde Julien Denormandi­e, interrogé par Le Figaro Immo. Elle doit être accessible à tous, même aux ménages modestes. Il ne doit pas y avoir de frilosité dans l’octroi des prêts immobilier­s. » ■

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