L’INCROYABLE FLYNN
★★★ MÉMOIRES, d’Errol Flynn, Séguier, 496 p., 18 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par France-Marie Watkins et Florence Metzger, préface d’Éric Neuhoff.
De l’icône hollywoodienne née en Tasmanie en 1909, on se souvient des héros flamboyants incarnés dans des films devenus des classiques : Capitaine Blood, Les Aventures de Robin des Bois, Gentleman Jim… Son autobiographie retrace une existence incroyable d’aventurier, de voyou, de patachon. Cette vie vagabonde commença à 17 ans, ce qui n’est pas sérieux, comme chercheur d’or en Nouvelle-Guinée. Avant de devenir acteur par accident, il fut « renifleur de bouteilles », apprit à castrer des agneaux avec les dents, acheta une jeune fille contre deux cochons, organisa des combats de coqs, fréquenta les invraisemblables bordels de Marseille. On le retrouve aussi reporter durant la guerre civile espagnole. Cet homme à femmes (parfois très jeunes) collectionna les mariages, fut inculpé de meurtre, survécut à des procès pour viol, échappa à une amputation du bras gauche. La vodka coulait dans son sang, le principe de précaution lui était étranger. L’idée du suicide l’effleurait parfois, mais il craignait d’avoir changé d’avis le lendemain. Dans la dèche ou dans l’opulence, ses yachts furent les véritables maisons de ce navigateur hors pair. Le cinéma servait à renflouer les caisses et à larguer les amarres. Il mourut à 50 ans en ayant « appris à rire des pires désastres ». Aucune production hollywoodienne ne pourrait raconter cela. Et si le meilleur film d’Errol Flynn était ses Mémoires ?