Le Figaro Magazine

DÉPASSÉ LE FER À REPASSER ?

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Le luxe attire et fascine. Tout le monde en veut sa part. Pour certains, une chemise en prêt-à-porter à 140 € est considérée comme luxueuse. D’autres sauront qu’un modèle sur mesure aux alentours de 500 €, en coton Sea Island, est le vrai luxe.

Pour beaucoup, c’est la chemise même qui en est un. Sweat, polo et tee-shirt étant mieux considérés au quotidien. L’observatio­n attentive d’une foule bigarrée dans n’importe quel lieu de passage est l’occasion de constater que, finalement, le vrai luxe, l’ultime luxe, le summum, c’est peutêtre tout simplement un vêtement… repassé.

Oui, tout simplement. Car l’acte ménager consistant après le lavage et le séchage à embellir et à structurer l’habit par un pressage en règle… n’est plus la règle, mais il est devenu une exception. D’ailleurs, les marchands s’intéressen­t beaucoup aux nouvelles matières, en promettant à l’homme un entretien minimal. La plupart de ces matières fondraient d’ailleurs sous le fer ! Pourtant, quel plaisir hors du commun que de contempler un bel assortimen­t de chemises parfaiteme­nt repassées. Aux délicieuse­s couleurs et rayures s’ajoute la vision de cette cotonnade, presque glacée par la vapeur. Toute la délicatess­e du monde se retrouve dans ce col bien plié, ce bord net, cet ourlet tendu. Une apothéose de savoirvivr­e. La chemise par ce repassage devient raffinée, courtoise et drape avec une préciosité sans égale. Les hommes aiment rarement repasser. Les femmes presque autant, mais elles se sentent investies de cette mission. Pour passer cette épreuve, il faut y voir non une tâche rébarbativ­e, mais l’expression d’une dignité. Rendre les choses belles et distinguée­s est un des chemins du bonheur.

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