L’ÉDITORIAL
de Guillaume Roquette
Rendez-nous nos députés ! Les 150 citoyens tirés au sort pour élaborer un programme de lutte contre le réchauffement climatique étaient sûrement pleins de bonne volonté, mais le résultat de leurs travaux n’en est pas moins atterrant. On en retiendra un interminable catalogue de contraintes, d’obligations, d’interdictions, de sanctions et des taxes en tout genre. L’écologie punitive dans toute sa splendeur. Le président de la République qui voudrait, paraît-il, soumettre ces mesures à référendum ferait bien d’y réfléchir à deux fois : les Français risquent de goûter modérément cette soupe à la grimace. D’autant qu’elle a été concoctée par des gens sans aucune légitimité démocratique et qui, pour la plupart, refusent même d’assumer leurs décisions en restant courageusement anonymes. Dûment chapitrée par les « experts », qui lui ont tenu la main tout au long de ses travaux, la convention citoyenne pour le climat a scrupuleusement fait siennes les thèses traditionnelles de l’écologie à la française, dénonçant les méchantes entreprises, culpabilisant les vilains automobilistes et prônant de nouvelles augmentations d’impôts. Dans une logique de décroissance à tout prix, elle voulait même réduire à vingt-huit heures la durée hebdomadaire du travail, mais la peur du ridicule a heureusement été la plus forte. En revanche, l’assemblée tirée au sort a superbement ignoré l’énergie nucléaire, alors même que celle-ci est la seule à produire une grande quantité d’énergie sans émission de CO2. Pas un mot pour déplorer la fermeture aberrante de la centrale de Fessenheim ou promouvoir la recherche sur le retraitement des déchets.
Et puis, il y a cette réalité aveuglante et pourtant soigneusement occultée : la France n’est pas responsable du réchauffement climatique. Grâce, justement, au nucléaire, nous sommes parmi les trois ou quatre pays au monde les moins émetteurs de gaz à effet de serre. Pourquoi les citoyens français devraient-ils être sanctionnés pour des fautes qu’ils n’ont pas commises ? D’autant que des mesures répressives, comme la limitation à 110 km/h de la vitesse sur autoroute, n’auraient absolument aucun impact à l’échelle de la planète.
Mais ces arguments rationnels ne pèsent pas grand-chose face à l’idéologie dominante du moment. En matière d’écologie, comme de lutte contre le racisme, l’heure est à la repentance. Il faut mettre un genou à terre pour demander pardon d’exister. Derrière des propositions comme le crime d’écocide (sic) ou la réduction autoritaire de la consommation de viande (deux mesures préconisées par la convention climat) affleure toute la culpabilité liée au mode de vie occidental. Comme s’il n’existait pas déjà des normes extrêmement sévères en matière de pollution. Comme si les entreprises n’innovaient pas chaque jour pour réduire notre empreinte carbone. Comme si les citoyens n’étaient pas assez responsables pour faire évoluer d’eux-mêmes leurs habitudes de consommation et de vie. Finalement, le programme élaboré par ces 150 Français pèche surtout par manque de confiance.