Le Figaro Magazine

LES INDISCRÉTI­ONS

- de Carl Meeus

Le soulagemen­t est perceptibl­e. Plus que du soulagemen­t, c’est davantage de la satisfacti­on d’avoir choisi la bonne stratégie. « Pour la première fois depuis huit ans, on a le sourire », explique Olivier Faure. Le patron du Parti socialiste n’a pas hésité, pour faire gagner le bloc de gauche et écologiste­s, à se priver de candidats dans certaines grandes villes pour se mettre derrière d’autres. « Pour la première fois depuis trois ans, il y a une perspectiv­e. » Les élections municipale­s sont à peine terminées, les maires tout juste élus qu’Olivier Faure se projette déjà dans la présidenti­elle de 2022. « Moi, je ne suis pas en politique pour être un témoin et à la fin devoir appeler à voter Macron contre Le Pen. Je veux tout faire pour gagner. » L’arithmétiq­ue plaide en sa faveur. Divisés, les gauches et les écologiste­s perdent. Rassemblés, ils font basculer le scrutin. La preuve ? Aux élections régionales de 2015 dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, l’ensemble des gauches réalise 28 % des voix au premier tour. Mais divisées (PS, 18 %, PCF, 5 %, Verts 4,8 %), elles doivent se retirer et appeler à voter pour Xavier Bertrand (24,9 %) face à Marine Le Pen (40,6 %). Olivier Faure est persuadé qu’en mars 2021, réunie, la gauche peut reprendre la région et obliger le président sortant à devoir se rallier à elle face au Rassemblem­ent national. Et à partir de là, tout deviendra possible. « Si on gagne la région, les électeurs verront qu’Emmanuel Macron n’est plus le seul rempart au RN. » Première étape sur le chemin de l’union, les université­s d’été, fin août. Olivier Faure veut en faire le signe que les gauches restent unies, avec ou sans Mélenchon.

Depuis ses bureaux du conseil régional d’Île-deFrance à Saint-Ouen, Valérie Pécresse a une vue imprenable sur la capitale. En installant l’administra­tion et les élus du conseil régional là-bas, elle a totalement contribué à modifier le quartier autour de la mairie. Deux bâtiments flambant neufs, un hémicycle moderne, des bureaux qui n’ont rien à envier à ceux des start-up, Valérie Pécresse a gagné le pari du déménageme­nt du VIIe arrondisse­ment. Il lui reste deux paris à réussir désormais : assurer sa réélection en mars prochain et préparer l’alternance pour 2022. L’ancienne ministre a une certitude : « On ne regagnera qu’en élargissan­t au centre. » Elle s’appuie sur les résultats des élections municipale­s. « Qui a gagné ? Ceux qui ont fait de très larges alliances. » En revanche, elle n’est pas convaincue par les accords de la gauche : « Ce qui m’inquiète, c’est la place de l’extrême gauche dans ce bloc. On ne peut pas faire alliance avec n’importe qui. La gauche est très ambiguë sur ses alliances alors que nous, à droite, nous sommes clairs. » Mais comme la gauche, elle sait que la seule planche de salut pour son camp est de n’avoir qu’un seul candidat à la prochaine présidenti­elle. Et que pour y arriver, seule une primaire ouverte de la droite et du centre peut départager les prétendant­s. À ceux qui n’en veulent pas, Valérie Pécresse rétorque que ce n’est pas la primaire qui a fait perdre François Fillon en 2017. Il n’a pas su se réconcilie­r avec ses adversaire­s. « La primaire remobilise l’électorat et permet l’incarnatio­n. »

Face au choc de l’épidémie de Covid-19 et au confinemen­t, la journalist­e Annabelle Baudin a demandé à Nicolas Chabanne, fondateur de C’est qui le patron ? !, de lui écrire une lettre du futur, publiée sur son blog (annabelleb­audin.net). Située au printemps 2040, la lettre décrit un monde utopiste, dirigé par un « congrès mondial des citoyens », dans lequel les agriculteu­rs vivent de leur travail. Facétieux, le chef d’entreprise imagine son voisin dans l’Ain, « Emmanuel dont l’exploitati­on n’est qu’à 20 kilomètres. Il est toujours aussi sympa et sa décision de devenir producteur juste après son dernier mandat de président a été une grande idée. En cinq ans, il a plus fait pour le pays qu’en quinze ans. »

Pour la première fois depuis

huit ans, on a le sourire !

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Olivier Faure

On ne regagnera qu’en élargissan­t au centre

Valérie Pécresse

La décision de Macron de devenir producteur a été une grande idée

Nicolas Chabanne… en 2040

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