UNE AFFAIRE DE STYLE
“Les Rois maudits” par Claude Barma.
Autant la version 2005 de la calamiteuse Josée Dayan, avec ce pauvre Philippe Torreton, bien pâlot en Robert d’Artois, est rapidement tombée aux oubliettes – sauf pour les amateurs de second degré, mais il n’est pas beau de se moquer ! –, autant la version 1972, de Claude Barma et Marcel Jullian, acquiert avec le temps la force d’un classique.
Quelles différences ? Barma et Jullian sont des orfèvres, Dayan une rapetasseuse. Les premiers ont du style, la seconde du savoirfaire. Ils vont droit aux nerfs et à l’émotion, elle ne songe qu’à ne pas dépasser délais et budget. Résultat : la version la plus ancienne est aussi la plus neuve. Même en prenant la série en marche, on s’y retrouve très bien. D’abord par le résumé, fait au début de chaque épisode par Jean Desailly. Ensuite parce que situations et dialogues sont d’une telle puissance qu’ils empoignent le spectateur pour ne plus le lâcher.
Maurice Druon, ayant refusé une première adaptation – « C’est les Capétiens à La GarenneColombes », avait-il dit –, demande à Jullian comment il voit
Les Rois maudits. Et Jullian :
« Des fauves. Viande saignante ne connaissant pas l’étal : viande de vénerie. Orgueil, passion, violence, instinct, appétit, intelligence, soif, viscères nobles. Tout jusqu’à l’inconvenance et l’horreur. Jamais modiques.
– Vous y êtes, Marcel, vous y êtes », répond simplement Druon. Cinquante ans plus tard, Druon, Jullian, Barma et les autres y sont toujours. Soyez-y aussi.
Les Rois maudits, Histoire TV, tous les jeudis à 20 h 40 jusqu’au 6 août. Chaque épisode est diffusé plusieurs fois, détails sur Histoire.fr