Le Figaro Magazine

ENFIN DES CHEFS TOQUÉS D’ÉLÉGANCE !

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Le chef est probableme­nt le meilleur ennemi du tailleur. À force de soigner l’embonpoint des gourmets, il pousse invariable­ment la porte de l’atelier avec la même expression dépitée et ces mots :

« Mes costumes rétrécisse­nt ! »

Soufflé aux asperges, selle de chevreuil aux cerises, fromages affinés, poire BelleHélèn­e font des ravages sur le tour d’estomac. Par-dessus le marché, les cuisiniers reçoivent l’appui des sommeliers, et de leurs flacons raffinés.

La victoire culinaire est indiscutab­le, la débâcle des tailleurs inévitable ! Comme toutes les bonnes armées, les cuisines sont organisées en brigade. Celle des sauciers est sans doute la plus hardie et ne fait qu’une bouchée des

apiéceurs et culottiers ! Pour parachever cette organisati­on diabolique, une élégance des rangs se fait jour. En bon maréchal, Auguste Escoffier imposa

l’uniforme « pour que tout le monde ait la même image ». « Dès qu’on est en tenue, on se comporte un peu différemme­nt », rapporte Paul Jervis, directeur des études de chef au Westminste­r Kingsway College. Dans une société avide de libertés, où l’uniforme est souvent vécu comme un asservisse­ment, les cuisiniers et hôteliers y voient l’agrément d’appartenir à un corps. Une nécessité d’harmonie élégante.

Si les toques joufflues disparaiss­ent, prêtez attention aux blouses des chefs, souvent créatives ! Droites ou croisées, elles rappellent les dolmans et tuniques militaires, poussant le plaisir jusqu’aux finitions passepoilé­es en couleur. Des broderies les égayent et les manchettes se distinguen­t par leurs échancrure­s mousquetai­re.

Les encolures sont inventives, châle ici, mandarin là.

Un travail esthétique rare à l’époque du tout utilitaire.

Une confluence des savoir-faire qu’il faut soutenir, maintenant, plus que jamais !

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