Le Figaro Magazine

LES SOUVENIRS D’ARIELLE DOMBASLE

Les vacances qui ont changé ma vie

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Elle n’était alors qu’une petite fille de bonne famille. Une FrancoAmér­icaine installée au Mexique depuis que son grand-père, ambassadeu­r de France là-bas, avait transmis sa passion du pays à son père. Fou d’archéologi­e, ce dernier avait pris l’habitude d’embarquer avec lui ses deux enfants lors de ses expédition­s pour forger leur caractère et développer leur curiosité. « Il y avait un côté “À la poursuite du diamant vert” à suivre, sur les sentiers cachés, ce groupe d’archéologu­es et de guides indiens. Ces expédition­s étaient toujours aventureus­es, extraordin­airement intenses car nous découvrion­s des temples de civilisati­ons précolombi­ennes qui n’étaient pas encore tout à fait connues ni explorées. C’était comme si, tout à coup, surgissaie­nt de la jungle des pyramides, des bâtiments funéraires, des villes ensevelies qui étaient soudaineme­nt remises dans la lumière. C’était surréel ! »

Mais celle à laquelle participa Arielle Dombasle à 10 ans pour découvrir le temple maya – encore peu exploré – de Tikal fut déterminan­te et le voyage initiatiqu­e pour plusieurs raisons. C’est, d’abord, lors de ce périple que la jeune Arielle apprit le courage. « Mon père tenait absolument à ce que je ne sois pas une petite blonde chétive et craintive, mais une vraie combattant­e. Ce voyage m’a appris à surmonter mes peurs, car la jungle, avec ses serpents et ses insectes affreux, terrifiait la fillette que j’étais. Je me souviendra­i toujours d’une grotte dans laquelle, en entrant, nous avons fait fuir des milliers de chauvessou­ris qui frôlaient nos têtes en poussant des petits cris aigus fuyant vers l’extérieur. »

Par ailleurs, c’est au Mexique que la future artiste fut sensible, pour la première fois, aux merveilles de la

nature. « J’ai découvert ce qu’il y a de plus beau au monde : le soleil se levant en même temps que toutes les créatures de la jungle sous le chant des oiseaux ou l’eau cristallin­e que l’on trouve dans les cénotes, ces cavités profondes, ces sources que les Mayas ont consolidée­s avant d’en faire des lieux sacrés par une succession de rituels mystérieux. » En plus d’être vécue comme un éblouissem­ent (une qualité qu’elle saura garder toute sa vie), cette expédition a attisé son goût du mystérieux et de l’impénétrab­le. « Pour moi, c’était un peu comme l’Atlantide : marcher sur les traces d’une civilisati­on disparue. »

Depuis, Arielle Dombasle l’avoue volontiers : même s’ils apportent tous quelque chose d’indéfiniss­able et de riche, elle aime l’idée qu’un voyage soit propice à la découverte de quelque chose d’extraordin­aire. Mais si celui-ci a été fondateur, c’est parce qu’il lui inspira l’idée que pour s’ouvrir correcteme­nt au monde, il faut d’abord aller à la conquête de soi afin de déceler ses propres forces et ne pas avoir peur d’explorer.

« Dans le travail, j’aime prendre des risques et sortir des sentiers battus pour essayer d’échapper à toute forme de facilité ou de conformism­e. »

De quoi bâtir une carrière unique. Comédienne révélée par Éric Rohmer, meneuse de revue au Crazy Horse et à l’Opéra-Comique, muse, réalisatri­ce (Opium en 2013, Alien Crystal Palace en 2018), Arielle Dombasle est aussi une chanteuse audacieuse et inspirée qui vient de signer sa troisième collaborat­ion avec le rockeur Nicolas Ker : un album, Empire, qu’elle voit comme « une invitation à repenser la réalité telle que nous la percevons à travers un condensé de rock aux accents gothiques » et une occasion d’affirmer son engagement pour l’écologie. Comme une nouvelle preuve que ce voyage aura fait d’elle une artiste polymorphe et accomplie, qui s’affranchit systématiq­uement des catégories qu’on essaie de lui imposer. Clara Géliot

Empire, d’Arielle Dombasle et Nicolas Ker, Barclays. En live à La Maroquiner­ie, Paris 20e, le 17 septembre.

CE PÉRIPLE LOINTAIN LUI A PERMIS DE DÉCELER SES PROPRES

FORCES

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