ILS ONT NAVIGUÉ JUSQU’EN AMÉRIQUE
Un certain nombre de textes médiévaux et notamment de sagas scandinaves rapportent que les navigateurs nordiques, après une longue traversée, ont atteint une terre nouvelle, qu’ils nomment le Vinland (« le pays du vin »).
Les Vikings ont-ils découvert l’Amérique au XIe siècle, presque cinq cents ans avant Christophe Colomb ? Plusieurs trouvailles archéologiques effectuées au Groenland confirment l’existence d’expéditions menées à partir de ce territoire en direction du continent nord-américain : une flèche amérindienne en quartzite, des cercueils en mélèze possiblement apportés du Labrador. En sens inverse, les archéologues ont découvert au long des côtes nord-américaines des objets d’origine scandinave : un bras de balance en bronze sur l’île d’Ellesmere, un morceau de fer fondu et une coupelle en bronze sur l’île Devon, une figure en bois sur l’île de Baffin, une monnaie en argent dans le Maine. Le XIXe siècle, passionné par le sujet, a fréquemment voulu voir en Amérique du Nord des vestiges vikings que les chercheurs modernes identifient, en réalité, comme des vestiges qui n’ont rien à voir avec les anciens Scandinaves ou qui sont des faux.
La seule preuve scientifiquement établie d’une présence viking en Amérique se situe dans l’Anse aux Meadows, à la pointe septentrionale de Terre-Neuve, au Canada. Sur ce site, un archéologue norvégien a commencé à mettre au jour, en 1960, les vestiges d’un village scandinave établi ici autour de l’an mil. Il est possible qu’il s’agisse de la colonie nordique fondée par Leif Erikson, fils d’Erik le Rouge.
Les sagas du Nord racontent comment ce dernier, parti d’Islande, accosta vers 980 au Groenland où il fonda la première colonie viking, à Brattahild, et où il fit édifier une église. Quinze ans plus tard, son fils Leif mit à son tour le cap vers l’ouest, mettant pied, successivement, sur la terre de Baffin, la côte du Labrador et Terre-Neuve. On sait très peu de choses sur la réalité des explorations d’Erik le Rouge et de son fils Leif Erikson, d’autant que les sagas qui narrent leurs aventures sont des textes tardifs, datés du XIIIe siècle, et fortement romancés.
En 2016, la découverte à Pointe Rosée, à l’extrémité sud de Terre-Neuve, d’une forge et de fondations semblables à celles de l’Anse aux Meadows a apporté une nouvelle preuve du passage des Vikings en Amérique du Nord.
seul royaume anglo-saxon qui possède un roi, le jeune Alfred, qui écrase les Vikings à la bataille d’Ashdown, en 871, puis remporte une nouvelle victoire, en 878, à la bataille d’Ethandun. Il en résulte une division du territoire anglais entre le royaume d’Alfred le Grand et le Danelaw (« le pays où règne la loi des Danois ») que contrôlent les Vikings. En 844, partis avec 52 navires de leur base sur la Loire, deux chefs vikings naviguent vers la Méditerranée.
RENOUVELLEMENT DES ÉLITES
Après avoir attaqué Lisbonne et Cadix, ils sont finalement repoussés d’Espagne, mais s’en prennent aux côtes méridionales de la France actuelle, avant depousser jusqu’en Italie, où ils mettent Pise et Fiesole à sac, et de rentrer à leur base de Nantes. D’autres Scandinaves, les Varègues ou Rus, remontent les rivières à partir de la Baltique pour atteindre les grands fleuves qui leur ouvrent la route du sud, notamment le Dniepr et la Volga. En 839, ils atteignent la mer Noire puis Constantinople, dont ils font le siège en 860, et enfin la Caspienne en 864. Pourquoi cette expansion viking au IXe siècle ? Les historiens l’expliquent par la montée en puissance, dans le monde scandinave, d’une nouvelle aristocratie et de dynasties voulant imposer leur autorité aux chefferies traditionnelles. Ce sont les perdants du renouvellement des élites qui ont cherché, en menant de lointaines expéditions guerrières, à compenser le pouvoir, le prestige et la richesse qui leur avait échappé.
Il serait faux d’imaginer que les Occidentaux ignoraient les peuples du Nord avant les raids vikings. À la fin du VIIe et au VIIIe siècle, navigateurs et marchands partis d’Europe avaient introduit argent, vin et armes en Scandinavie, produisant un effet d’appât sur les hommes du Nord. Ceux-ci n’avaient plus alors qu’à emprunter en sens inverse les itinéraires que leurs visiteurs leur avaient révélés pour cueillir leurs richesses à la source. D’autant que ce sont les marins occidentaux qui ont initié les Scandinaves à l’usage de la voile carrée : cette pièce confère à leurs navires – qui, attention aux clichés, ne sont pas tous des drakkars – une force et une vélocité jusqu’alors inconnues.
Après que le roi Alfred le Grand a infligé une défaite au Viking danois Guthrum, en 878, celui-ci a accepté de se faire baptiser et a fini par régner sur l’Est-Anglie. Un processus assez semblable se produira en Normandie. En 911, le roi carolingien Charles le Simple, après avoir contraint le chef viking Rollon à lever le siège de Paris, conclut avec lui le traité de Saint-Clair-surEpte, aux termes duquel la vallée inférieure de la