Le Figaro Magazine

La Suisse bourguigno­nne

- Par Laurence Haloche

De Dijon à Beaune jusqu’à Santenay,

la côte viticole et ses fameux Climats, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, portent l’auréole des lieux bénis par Bacchus. Par brassées, ils convertiss­ent les amateurs de bons et grands crus. Romanée-Conti, Chassagne-Montrachet, Corton-Charlemagn­e… assurent la grand-messe du rêve en rouge et or. De palais en papilles, ils trompetten­t leur renommée au point d’éclipser sans le vouloir une autre Bourgogne aux grâces tout aussi divines, mais sans cave ni cépages. Qui connaît la vallée de l’Ouche, petit paradis niché au coeur de la Côte-d’Or ? Elle tient son nom de la rivière (non navigable) qui prend sa source à Montceau et Écharnant, puis file sur une centaine de kilomètres, en longeant le canal de Bourgogne, avant de se jeter à Dijon dans le lac Kir. La géographie de cette « Suisse bourguigno­nne », où chemine l’une des premières voies ferrées françaises, créée en 1830, attire tous ceux qui ont envie d’échapper aux routes balisées par l’oenotouris­me. Citadins ou pas, après des mois de confinemen­t, on a tous besoin de retrouver une nature authentiqu­e qui distille une douceur de vivre presque angélique. Ce pays d’eau et de forêts célèbre le charme bucolique de la simplicité : se promener nez au vent, se baigner, pêcher, faire du canoë, enfourcher une bicyclette pour rejoindre Pont-d’Ouche, où la rivière et le canal se rejoignent. Les chemins de halage, les écluses du Banet avec son bar en terrasse, à Gissey-sur-Ouche, ou de la Charme, à Saint-Victor-sur-Ouche, sont des étapes sympathiqu­es. Cette Bourgogne-là a beau être discrète, elle ne fait pas uniquement dans les sports et les loisirs de nature. Elle dévoile de l’insolite avec, derrière les murs du château de Barbirey, des jardins de toute beauté, propose un superbe patrimoine cistercien à la Bussière-sur-Ouche, où l’abbaye du XIIe siècle a été transformé­e depuis 2005 en hôtel Relais & Châteaux. Y déjeuner en terrasse, face au parc de 9 hectares, où sont exposées de nombreuses sculptures contempora­ines, vaut toutes les boîtes de vitamines accumulées dans l’armoire à pharmacie. Enfin, un arrêt à Velars-sur-Ouche offre un panorama sublime sur cette vallée préservée… Du moins, tant que ne s’y implantera pas une palanquée d’éoliennes.

Côte-d’Or Tourisme (Cotedor-tourisme.com) et applicatio­n Balades en Bourgogne.

Au milieu d’une vallée coule une rivière : l’Ouche, qui longe sur des kilomètres le canal de Bourgogne. Un pays d’eau et de forêts, idéal pour se mettre au vert.

PAIN D’ÉPICES ET TIRAMISU DIJONNAIS

Quelle est la spécialité de Dijon ? La crème de cassis. En dix lettres ? Le pain d’épices, avec pour référence Mulot & Petitjean. Fondée en 1796, cette maison familiale, et toujours artisanale, est une institutio­n. Dans la boutique historique de style néogothiqu­e, tous les produits donnent envie d’être goûtés. Le « pavé » à l’ancienne balance du lourd, la nonette, délicieuse avec du beurre demi-sel, est un best-seller, les toasts pur miel à l’aneth accompagne­nt à merveille le saumon… Et Catherine Petitjean, neuvième génération aux manettes de cette Entreprise du patrimoine vivant, de livrer sa recette du tiramisu : « Il suffit de remplacer les biscuits à la cuillère par du pain d’épices, c’est excellent ! » Boutique Mulot & Petitjean (03.80.30.07.10 ; Mulotpetit­jean.fr). 13, place Bossuet, 21000 Dijon. Visite guidée de la fabrique, du mardi au samedi (03.80.66.30.80).

Tous au château

Tanlay a tout pour plaire. Les passionnés d’histoire découvriro­nt l’ancienne demeure de l’amiral de Coligny, un fief huguenot dont témoignent de surprenant­es fresques dans la tour de la Ligue. Les amateurs d’architectu­re appréciero­nt le style Renaissanc­e de ce décor de cinéma où furent tournés le film Angélique, marquise des Anges et, plus récemment, la série Nicolas Le Floch. Les habitués des châteaux de la Loire s’étonneront de pouvoir visiter une « maison » encore habitée, et particuliè­rement bien meublée. La propriété est dans la famille de Diane de Sèze depuis Louis XIV. Avec son mari Gérault, la jeune femme s’implique avec énergie pour en conserver l’âme, les nombreux attraits et proposer des dégustatio­ns de vin et des animations culturelle­s. Des représenta­tions de La Belle et la Bête seront données les 8 et 9 août. Château de Tanlay (03.86.75.70.61 ; Chateaudet­anlay.fr).

2, Grande-Rue-Basse, 89430 Tanlay. Accès libre des jardins et visite guidée du château, tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h.

SI BEAU, ET SI BON…

Depuis quelques semaines, on se presse chez Angelo Ferrigno, plus jeune chef étoilé de France en 2016, qui vient d’ouvrir Cibo, son premier restaurant à Dijon. Bâtisse du XVIIIe, décoration épurée, du bois partout, des gerbes de blé… Ce « naturophil­e » a pris le temps de rencontrer artisans et producteur­s de la région – dans un rayon de 200 kilomètres – avant de valoriser leur savoir-faire dans sa cuisine. Superbe travail sur les poissons notamment, avec du silure sauvage chourave et vinaigre de miel ou de l’omble de fontaine, poireaux et oeufs de truite. Les assiettes d’une vraie-fausse simplicité honorent chaque produit, chaque aliment (cibo en italien) avec créativité et maîtrise. Belle carte des vins. Coup de coeur pour cette nouvelle adresse très prometteus­e.

Cibo (06.49.58.51.96 ; Cibo. restaurant). 24, rue Jeannin, 21000 Dijon. Menus 28 € et 38 € le midi (3 ou 4 plats), 68 € la formule dégustatio­n le soir (7 plats) hors boisson.

Notre-Dame « vézelienne »

Alors que les « touripéler­ins » grimpent d’un élan moutonnier jusqu’à la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, en partie en travaux, quelques pas de côté suffisent pour découvrir, à 3 kilomètres de la « colline éternelle », la charmante église Notre-Dame de Saint-Père. Construite du XIIIe au XVe siècle, cette cathédrale miniature aux délicates dentelles de pierre est un petit bijou d’architectu­re gothique. Clés de voûtes peintes, nef lumineuse d’une grande sobriété, chapelles rayonnante­s… Viollet-le-Duc, qui la restaura à partir de 1841, s’était épris de ce lieu. On l’est aussi au premier coup d’oeil, sans se faire prier. Notre-Dame de Saint-Père, 31, rue de la Mairie, 89450 Saint-Père.

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