FAUT-IL MARIER CATHERINE ?
Il n’y a plus qu’Arte pour diffuser à une heure décente de la culture, c’est-à-dire de la beauté. France Télévisions la réserve aux insomniaques. Delphine Ernotte vient d’être reconduite à sa tête, bon courage à tout le monde ! La culture devrait être une priorité de son second mandat, mais pourquoi l’a-t-elle à ce point marginalisée lors du premier ? En attendant le respect de ces engagements, regardons sur Arte L’Héritière, le film magnifique de William Wyler, tiré de Washington Square, de Henry James. Soit, vers 1850 à New York, le drame de Catherine, une gourde que son père ne veut pas marier à un coureur de dot. Olivia de Havilland (disparue à 104 ans, dimanche dernier, à Paris, où elle vivait) y est merveilleuse. Oscarisée en 1950 pour ce film, elle exprime la gaucherie, la gêne, le manque d’amour, la timidité de Catherine, puis, quand la passion la porte, son énergie et sa détermination. On ne peut que finir par aimer cette brave fille que son père trouve si médiocre. Face à elle, Montgomery Clift est parfait d’ambiguïté. Autour d’eux, le père, cruel et clairvoyant (protège-t-il ? condamne-t-il sa fille ?), et l’amusante, sentimentale et gaffeuse tante Lavinia complètent un quatuor d’une force et d’une subtilité qui sont aussi dans le roman. La dernière scène est incroyable et peut nourrir bien des conversations.
Qui a lu Washington Square trouvera chez Wyler de quoi prolonger son plaisir de lecture. Pour ne rien gâcher, le film est présenté en VO. Pour les gastronomes du cinéma. L’Héritière, de William Wyler,
Arte, lundi 3 août à 20 h 55.