Le Figaro Magazine

PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE : GUERRE VICTORIEUS­E CONTRE LA POLIO

Reportage

- De nos envoyés spéciaux Jules Prévost (texte) et Marc Dozier (photos)

Alors que le monde fait face à la pandémie de Covid-19, la Papouasie-Nouvelle-Guinée vient de vaincre une épidémie de poliomyéli­te,

une maladie contagieus­e incurable et gravissime. Assistées par les Nations unies, s’appuyant sur l’Église et les missionnai­res, les autorités

sanitaires de cet État du Pacifique ont réussi à vacciner plus de 3 millions d’enfants dispersés dans les régions les plus isolées de la planète.

Seigneur, faites que notre vol se déroule sans encombre et que les vaccins que nous allons livrer aujourd’hui par les airs sauvent la vie de tes enfants et permettent d’éradiquer la polio en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Amen. » Sa prière à peine achevée, Luke Ha mer, l’un des trois pilotes missionnai­res de la Sa mari tan Aviation, met les gaz et décolle. Lourdement chargé d’une cargaison de glacières contenant des centaines de doses de sérum, son petit hydravion s’arrache du tarmac de la bourgade de Wewak. Cap au sud-est vers la région isolée du fleuve Sepik. Sa mission ? Livrer de précieux kits de vaccinatio­n aux dispensair­es de brousse des communauté­s papoues les plus reculées du pays.

Derrière le hublot, les habitation­s en tôle de la capitale provincial­e laissent place à une étendue infinie de marécages, de savanes et de forêts impénétrab­les où se devinent des villages de huttes sur pilotis aux toits en feuilles de sagoutier. Ici, ni aéroport ni route. Il n’y a pas d’autre possibilit­é que de se poser sur l’eau. « Les arbres morts, les filets de pêche, les bancs de sable, les courants et le niveau de l’eau qui change en permanence… sont autant de dangers qui rendent notre mission périlleuse », explique le pilote en coupant les moteurs. À peine posé, il remet la précieuse marchandis­e aux villageois venus en pirogue. Dans la carlingue chauffée par le soleil tropical, la glace ne pourra conserver indéfinime­nt les vaccins destinés aux enfants papous qui ne sont pas encore immunisés contre la poliomyéli­te.

Également appelée paralysie spinale infantile ou tout simplement polio, la poliomyéli­te sévissait autrefois tout autour du globe et tuait jusqu’à un demi-million de personnes par an. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la mise au point de deux vaccins a permis sa quasi-disparitio­n. Même si, en France, il n’est pas rare de rencontrer des sexagénair­es souffrant de paralysie suite à cette infection virale de la moelle épinière, l’éradicatio­n de la maladie est considérée comme officielle en Europe, sur tout le continent américain et en Chine. Rarissime, la polio reste aujourd’hui uniquement endémique en Afghanista­n, au Pakistan et au Nigeria. Mais en 2018, elle est réapparue en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où elle avait pourtant disparu depuis dix-huit ans. Une « tache » sur la carte médicale mondiale.

OBJECTIF : VACCINER 3,3 MILLIONS D’ENFANTS

La polio des conséquenc­es humaines dévastatri­ces : elle laisse les malades paralysés à vie. En zone d’épidémie, les souches sauvages de poliovirus peuvent théoriquem­ent infecter la totalité de la population humaine. Lorsqu’un cas est détecté, il faut donc agir immédiatem­ent, avant que la maladie ne se propage à nouveau.

De forêts impénétrab­les en marécages… Il faut aller partout !

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Livraison d’un lot de vaccins contre la poliomyéli­te en hydravion au village de Kambalamba, dans la région isolée du Sepik.
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Le pilote-missionnai­re Luke Hammer livre en hydravion des vaccins contre la polio aux communauté­s du fleuve May.
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dans les régions les plus reculées de Papouasie
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L’Unicef fournit des vaccins mais également des kits de nutrition et d’hygiène dans les régions les plus reculées de Papouasie comme au lac Kutubu.
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Marquage au doigt d’un enfant venant d’être vacciné, à Wewak, dans la région du Sepik.

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