PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE : GUERRE VICTORIEUSE CONTRE LA POLIO
Reportage
Alors que le monde fait face à la pandémie de Covid-19, la Papouasie-Nouvelle-Guinée vient de vaincre une épidémie de poliomyélite,
une maladie contagieuse incurable et gravissime. Assistées par les Nations unies, s’appuyant sur l’Église et les missionnaires, les autorités
sanitaires de cet État du Pacifique ont réussi à vacciner plus de 3 millions d’enfants dispersés dans les régions les plus isolées de la planète.
Seigneur, faites que notre vol se déroule sans encombre et que les vaccins que nous allons livrer aujourd’hui par les airs sauvent la vie de tes enfants et permettent d’éradiquer la polio en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Amen. » Sa prière à peine achevée, Luke Ha mer, l’un des trois pilotes missionnaires de la Sa mari tan Aviation, met les gaz et décolle. Lourdement chargé d’une cargaison de glacières contenant des centaines de doses de sérum, son petit hydravion s’arrache du tarmac de la bourgade de Wewak. Cap au sud-est vers la région isolée du fleuve Sepik. Sa mission ? Livrer de précieux kits de vaccination aux dispensaires de brousse des communautés papoues les plus reculées du pays.
Derrière le hublot, les habitations en tôle de la capitale provinciale laissent place à une étendue infinie de marécages, de savanes et de forêts impénétrables où se devinent des villages de huttes sur pilotis aux toits en feuilles de sagoutier. Ici, ni aéroport ni route. Il n’y a pas d’autre possibilité que de se poser sur l’eau. « Les arbres morts, les filets de pêche, les bancs de sable, les courants et le niveau de l’eau qui change en permanence… sont autant de dangers qui rendent notre mission périlleuse », explique le pilote en coupant les moteurs. À peine posé, il remet la précieuse marchandise aux villageois venus en pirogue. Dans la carlingue chauffée par le soleil tropical, la glace ne pourra conserver indéfiniment les vaccins destinés aux enfants papous qui ne sont pas encore immunisés contre la poliomyélite.
Également appelée paralysie spinale infantile ou tout simplement polio, la poliomyélite sévissait autrefois tout autour du globe et tuait jusqu’à un demi-million de personnes par an. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la mise au point de deux vaccins a permis sa quasi-disparition. Même si, en France, il n’est pas rare de rencontrer des sexagénaires souffrant de paralysie suite à cette infection virale de la moelle épinière, l’éradication de la maladie est considérée comme officielle en Europe, sur tout le continent américain et en Chine. Rarissime, la polio reste aujourd’hui uniquement endémique en Afghanistan, au Pakistan et au Nigeria. Mais en 2018, elle est réapparue en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où elle avait pourtant disparu depuis dix-huit ans. Une « tache » sur la carte médicale mondiale.
OBJECTIF : VACCINER 3,3 MILLIONS D’ENFANTS
La polio des conséquences humaines dévastatrices : elle laisse les malades paralysés à vie. En zone d’épidémie, les souches sauvages de poliovirus peuvent théoriquement infecter la totalité de la population humaine. Lorsqu’un cas est détecté, il faut donc agir immédiatement, avant que la maladie ne se propage à nouveau.
De forêts impénétrables en marécages… Il faut aller partout !