LES INDISCRÉTIONS
de Carl Meeus
Alors que les Républicains attendent avec inquiétude l’annonce officielle de François Baroin concernant sa décision d’être candidat ou non à la prochaine élection présidentielle, la lecture du dernier livre d’Alain Juppé est éclairante à cet égard. Si Mon Chirac. Une amitié singulière (Tallandier) raconte le parcours politique de l’ancien premier ministre aux côtés de l’ancien président de la République, il est parsemé de considérations qui prennent un sens particulier à la lumière de l’indécision de François Baroin. « Le mot volonté revenait souvent dans ses discours ; c’était sans doute une pierre dans le jardin de ceux qui, à son sens, en manquaient. Mais c’était la vertu qui l’animait profondément et qui explique son exceptionnelle capacité de résistance et de rebond. » Alain Juppé revient bien évidemment sur les échecs de Chirac à la présidentielle de 1981, puis de 1988. À chaque fois, le Corrézien, certes abattu, a refusé d’abandonner le combat. Bien sûr, l’époque est différente aujourd’hui. Un parcours politique à la manière d’un Mitterrand ou d’un Chirac, attendant deux défaites avant de se faire élire quatorze ans plus tard, ne serait plus possible. Mais il n’y a pas que ça. Comme le relève Alain Juppé, Jacques Chirac expliquait dans ses Mémoires : « On n’accède pas à la magistrature suprême sans une volonté tenace, constante, d’y parvenir, ni l’intime conviction, chevillée au corps, du destin qui nous y conduit. » Alain Juppé en convient, il n’était « pas dévoré par la même ambition ». Est-ce une des explications de sa défaite à la primaire de 2016 face à François Fillon ? « En aviez-vous vraiment envie ? » lui a demandé un de ses amis après cet échec. L’ancien premier ministre ne répond pas à la question. Elle se pose aujourd’hui à un autre chiraquien, François Baroin. Tous deux ont connu l’épopée de 1995 d’un Chirac au plus bas des sondages, réussissant à inverser la tendance et à se faire élire. « Vous étiez inébranlable. Votre incroyable ténacité dans la conquête du pouvoir allait vous permettre, seul contre tous ou presque, de renverser la table. »