Le Figaro Magazine

COMMENT MACRON MÈNE SES GUERRES SECRÈTES

En couverture

- Par Vincent Nouzille

Depuis son élection, le Président lance des opérations militaires de plus en plus offensives et autorise des « neutralisa­tions » en série. Les états-majors, les forces spéciales et la DGSE sont, plus que jamais, mobilisés. Notre collaborat­eur Vincent Nouzille, qui réédite une version actualisée de son livre « Les Tueurs de la République » (Fayard), a enquêté sur cette facette ultrasecrè­te de l’action présidenti­elle.

Ce fut un Conseil de défense estival, mais glaçant.Le 11août 2020, depuis le fort de Brégançon, le président Emmanuel Macron réunit par visioconfé­rence son premier ministre Jean Castex, les ministres régaliens, le chef d’état-major des armées et les patrons des services de renseignem­ent. L’ordre du jour est grave, endeuillé par l’assassinat, le 9 août, de huit personnes, deux Nigériens et six Français membres de l’ONG Acted, dans la réserve de Kouré, près de Niamey, au Niger. Un véritable massacre commis par des hommes arrivés à motos. Jusqu’à présent, cette zone semblait encore protégée des attaques répétées des groupes djihadiste­s qui ont répandu leur guérilla dans plusieurs pays du Sahel. Les 5 100 soldats français de l’opération Barkhane ont multiplié depuis six mois les opérations éclair visant à affaiblir les deux principale­s nébuleuses rivales, le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à al-Qaida, et l’EIGS (État islamique au Grand Sahara), affilié à Daech, notamment dans ses fiefs de la région dite des « trois frontières », aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. L’assassinat des humanitair­es démontre que les djihadiste­s, même sur la défensive, peuvent frapper partout. Durant ce Conseil de défense, le président Macron tempête : « Il faut identifier et neutralise­r les commandita­ires, à tout prix », ordonne-t-il. Dans le viseur : les katibas de l’EIGS, jugées responsabl­es.

VENGEANCES

Quatre jours plus tard, des commandos français héliportés détruisent des camps logistique­s de l’EIGS dans la région du Gourma et du Liptako. Dans la matinée du 17 août, un drone Reaper de l’armée de l’air, qui survole la frontière malo-nigérienne repère plusieurs individus, considérés comme membres des « groupes armés terroriste­s », l’EIGS en l’occurrence. Roulant vers un bivouac à moto, les suspects sont bientôt rejoints par un pick-up avec des occupants présumés complices. Le feu vert est donné pour une « neutralisa­tion » immédiate : le Reaper largue une bombe guidée au laser sur le pick-up, avant qu’une patrouille de deux Mirage 2000D, dépêchée depuis la base de Niamey, détruise le bivouac, tuant plusieurs « terroriste­s ». La France n’est pas restée inerte.

LAME FROIDE

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron affiche ainsi sa résolution martiale et sa volonté de punir. Depuis son élection en mai 2017, il a endossé les habits de chef de guerre avec autant de déterminat­ion que son prédécesse­ur François Hollande. « C’est une lame froide », confie un haut gradé militaire qui le côtoie. « Il analyse et tranche vite », ajoute un de ses conseiller­s. « Il assume pleinement ses responsabi­lités constituti­onnelles de chef des armées, avec toute la gravité que cela implique, sans hésitation », précise la députée (LREM) Françoise Dumas, présidente de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale. Sur le front de la « guerre contre le terrorisme » à l’étranger, Emmanuel Macron ne lésine pas sur l’emploi de la force, que ce soit au Levant, où il a ordonné des raids des forces spéciales et des frappes ciblées contre l’État islamique, ou au Sahel, où il a renforcé le contingent de Barkhane ces derniers mois. De manière discrète, il a aussi autorisé le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le diplomate Bernard Emié, à mener des opérations clandestin­es dites « d’entraves », qui peuvent aller jusqu’à des éliminatio­ns de certains djihadiste­s, y compris de nationalit­é française. Entamée sans état d’âme sous François Hollande, cette guerre secrète a été poursuivie, voire amplifiée, par Emmanuel Macron.

Rien ne le prédestina­it à une telle posture belliciste. Ni son cursus d’énarque amateur de philosophi­e et de banquier d’affaires, ni ses fonctions de secrétaire général adjoint à l’Élysée sous Hollande, puis de ministre de l’Économie de 2014 à 2016, ne l’avaient préparé à traiter des sujets militaires ou à se familiaris­er avec le monde du renseignem­ent. Mais l’onction du suffrage, le poids de la fonction et son envie de se saisir des dossiers l’ont transformé.

LIGNE DIRECTE AVEC LA DGSE

Dès son entrée à l’Élysée, il a envoyé des signaux de son autorité jupitérien­ne, avec la remontée des ChampsÉlys­ées en command-car, sa première visite réservée aux blessés à l’hôpital militaire de Percy, puis son voyage auprès des forces françaises à Gao, au Mali. Tout comme sa colère après des propos jugés inacceptab­les du chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, poussé à la démission le 18 juillet 2017. Sur la base de la « Revue stratégiqu­e de défense et de stratégie nationale » rédigée en octobre 2017 par des experts, Emmanuel Macron a souhaité un outil de défense « agile, projetable, résilient ». Et il a promis d’augmenter de 1,7 miliard d’euros chaque année les dépenses militaires, pour les porter à 295 miliards dans le cadre de la loi de programmat­ion militaire 2019-2025, adoptée en juillet 2018. « C’est un engagement fort, pour faire face à tous les types de conflits », estime Françoise Dumas. Au jour le jour, Emmanuel Macron suit les opérations en temps réel, avec l’aide de son nouveau chef d’état-major particulie­r, l’amiral Jean-Philippe Rolland, qui a succédé début août à l’amiral Bernard Rogel, homme clé des affaires militaires depuis 2016. Le chef d’état-major particulie­r est en contact permanent avec la ministre des Armées, Florence Parly, son cabinet et l’état-major des armées, basé à Balard. Le Conseil de défense, désormais hebdomadai­re, se réunit parfois dans le PC Jupiter, dans les sous-sols de l’Élysée, d’où le Président peut à la fois déclencher le feu nucléaire et assister en direct aux opérations militaires, comme le raid Hamilton, les frappes aériennes en Syrie, dans la nuit du 13 au 14 avril 2018, suite à l’utilisatio­n présumée d’armes chimiques par le régime de Damas.

Outre les télégramme­s venant du Quai d’Orsay, via sa cellule diplomatiq­ue, Emmanuel Macron lit aussi chaque jour une note de synthèse de renseignem­ent, rédigée par les équipes du coordonnat­eur national du renseignem­ent et de la lutte contre le terrorisme – Laurent Nuñez, qui a succédé au préfet Pierre de Bousquet – installé dans l’hôtel Marigny, à deux pas de l’Élysée. Les patrons des six principaux services de renseignem­ent se réunissent tous les quinze jours autour du coordonnat­eur. Ils échangent aussi régulièrem­ent avec le Président, lequel les a prévenus dès son élection : « Si j’entends parler de guerre des services, je vous vire ! » Emmanuel Macron est également en ligne directe avec le directeur de la DGSE, Bernard Emié, expert de l’Afrique du Nord, du Proche et Moyen-Orient, très précieux pour décrypter les événements, qu’il s’agisse des tractation­s entre factions libyennes, des tensions avec la Turquie, de la crise au Liban, en passant par les liens renoués en Irak ou le dialogue compliqué avec l’Iran. Féru de renseignem­ent, le Président s’est rendu au moins à deux reprises au siège de la DGSE, boulevard Mortier, à Paris. D’abord le 30août 2017 pour délivrer un message très clair : il faut neutralise­r les terroriste­s par tous les moyens possibles. Et une deuxième fois, le 8novembre 2019, pour inaugurer un monument en hommage aux morts de la DGSE. Adepte d’un pilotage en « rênes courtes », Emmanuel Macron n’a pas hésité à déclencher des opérations

Depuis le PC Jupiter, le Président suit parfois les opérations militaires en direct, avec ses ministres et les états-majors

radicales, qu’elles soient menées, de manière discrète, par les forces spéciales en uniforme sous l’égide du Commandeme­nt des opérations spéciales (COS) ou, de façon clandestin­e, par les commandos du Service Action (SA) de la DGSE. François Hollande avait assisté, parfois ébahi, à des prises de bec entre les responsabl­es du COS et le fougueux Bernard Bajolet, alors directeur de la DGSE, sur leurs rôles respectifs – au point de déclencher des polémiques, comme en témoigne le général Christophe Gomart (lire p. 51). Emmanuel Macron, quant à lui, essaie d’imposer une meilleure coordinati­on entre les forces d’élite, jugées complément­aires.

TRAQUES EN SYRIE

Les actions « létales » s’enchaînent à vive allure. Tout d’abord en marge de la guerre contre Daech en Syrie et en Irak, menée au sein de la coalition Inherent Resolve. Lors de la phase finale du siège de Raqqa, début octobre 2017, l’Élysée donne des consignes pour que les combattant­s de l’État islamique (EI), dont beaucoup de Français, ne puissent s’échapper de leur enclave encerclée. «Pas de quartiers », telle est la ligne, soutenue par JeanYves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, partisan de la méthode dure, et par Florence Parly, qui explique que si des djihadiste­s français périssent dans les combats à Raqqa, « c’est tant mieux ». La DGSE, présente sur place avec les forces spéciales aux côtés des FDS, les alliés arabokurde­s de la coalition, intervient en ce sens. Mais les FDS préfèrent négocier une reddition avec les combattant­s de l’EI, ce qui permet à plusieurs centaines d’entre eux de quitter la ville sans encombres.

Raqqa conquise, les soldats de l’ombre et les agents de la DGSE traquent sans relâche, en Syrie, les djihadiste­s étrangers toujours en fuite, notamment les francophon­es. Objectif : limiter au minimum les retours en France. En tête de la liste « kill or capture » figure Oussama Atar, un belgo-marocain, considéré comme le « cerveau » des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, ainsi que les frères toulousain­s Jean-Michel et Fabien Clain, dont les voix ont revendiqué les attentats. Ayant mutualisé ces «objectifs » avec les Américains, les Français ne sont pas surpris d’apprendre qu’Oussama Atar aurait été tué par une frappe de drone américain en Syrie le 17 novembre 2017. Les forces spéciales

À Raqqa, la DGSE est intervenue sur ordre de l’Élysée pour que les djihadiste­s étrangers de Daech ne puissent pas s’en sortir

et la DGSE continuent d’épauler, avec des commandos américains, les FDS pour anéantir les dernières poches de l’EI. Des renforts sont envoyés en avril2018. Dans le bastion de Baghouz, en février201­9, des missiles américains ciblent les frères Clain, présumés morts depuis lors. À l’Élysée, Emmanuel Macron se réjouit qu’au terme d’une longue chasse, commencée sous Hollande, plus d’une vingtaine de commandita­ires ou de complices présumés des terroriste­s liés aux attentats de Paris aient été «neutralisé­s » en Syrie et en Irak. La France s’est vengée à sa manière.

Au Sahel, la « chasse aux scalps » reprend aussi de l’ampleur fin 2017, peu après que le Président a procédé à une revue détaillée de l’opération Barkhane, initiée mi-2014. La situation sécuritair­e se dégrade, avec des attaques des katibas du nouveau GSIM, proche d’al-Qaida et celles de l’EIGS, liées à Daech. « Nous subissons actuelleme­nt une sorte d’offensive des groupes terroriste­s […] Ces derniers sont bien moins nombreux qu’en Irak : quelques centaines, et non quelques milliers, mais ils sont prêts à tout », confie Jean-Yves Le Drian en octobre201­7. Emmanuel Macron décide d’intensifie­r les opérations militaires.

Les soldats de Barkhane et les forces spéciales de la Task Force Sabre reçoivent pour consigne de cibler les chefs des groupes djihadiste­s. Au Mali, le

14 février 2018, les commandos assaillent plusieurs camps entre Boughessa et Tin-Zaouatène, éliminant une dizaine de djihadiste­s, dont Alig Ag Wanasnat, l’un des lieutenant­s d’Iyad Ag Ghali, chef du GSIM, et Abou Hassan al-Ansari, un de ses alliés. Quelques jours plus tard, les Français manquent de peu Adnan Abou Walid al-Sahraoui, le grand chef de l’EIGS, dans la forêt d’Ikadagotan­e. Malgré les réserves de l’état-major sur le sujet, le ministère des Armées communique sur le fait que les forces françaises ont neutralisé 450 djihadiste­s au Sahel depuis le début de l’opération Barkhane. Le nombre de « scalps » est mis en avant. En mars, Saïd Dagdag, présenté comme un « redoutable formateur dans le maniement d’armes lourdes et des explosifs », est tué dans la région de Tombouctou. Le 15 novembre 2018, le ministère des Armées annonce, dans un communiqué de victoire, la mort de sept combattant­s de la katiba du Gourma, dont le chef al-Mansour Ag Al-Kassa, affilié au GSIM. Le ministère revendique aussi fièrement le raid ayant permis, le 21 février 2019, d’éliminer près de Tombouctou l’Algérien Yahia Abou al-Hammam, de son vrai nom Djamel Okacha, numéro deux du GSIM, et deux de ses adjoints. Florence Parly vante, devant les sénateurs, « la neutralisa­tion de nombreux chefs terroriste­s », comme symbole des « importants succès » remportés ces derniers mois au Sahel.

Selon le chef d’état-major, il faut agir “de façon plus précise, plus pointue” sur “des cibles à haute valeur ajoutée”

POUDRIÈRE AU SAHEL

Ces éliminatio­ns successive­s de chefs sont censées désorganis­er les groupes djihadiste­s. Mais il n’en est rien. Les chefs sont aussitôt remplacés. Leur guérilla s’intensifie et se répand dans les régions frontalièr­es. Deux commandos marine français décèdent dans la nuit du 9 au 10mai 2019 lors d’un raid du COS visant à libérer quatre otages au Burkina Faso. Le Sahel devient une poudrière. « Je pense malheureus­ement qu’aujourd’hui les conditions d’une extension de la déstabilis­ation de la zone sont réunies », admet le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, devant la commission de la Défense le 11 juin 2019. Selon lui, la France ne peut pas résoudre seule cette situation, mais il faut notamment continuer d’agir « de façon plus précise, plus pointue, au moyen d’opérations spéciales sur les cibles à haute valeur ajoutée. » Le 9 octobre, Florence Parly annonce qu’Ali Maychou, un des leaders du GSIM, a été neutralisé. Mais la traque d’un autre chef djihadiste tourne au drame pour l’armée française le 25 novembre, avec la mort des 13 soldats, victimes de la collision de deux hélicoptèr­es, qui le surveillai­ent en pleine nuit dans la région du Liptako. L’insécurité galopante conduit l’Élysée à réunir en urgence ses homologues africains du G5 Sahel à Pau le 13janvier 2020. Dans la foulée, Emmanuel Macron renforce, une nouvelle fois, les opérations militaires, principale­ment dans la région des « trois frontières ». Les frappes aériennes et les raids nocturnes des soldats de Barkhane et du COS se multiplien­t durant tout le premier semestre 2020 et se poursuiven­t durant l’été. Bilan : au moins 600 djihadiste­s éliminés. Et quelques « scalps » de renom en plus, avec la mort, début juin, d’Abdelmalek Droukdel, influent émir algérien d’alQaida au Maghreb islamique, tué à l’est de Tessalit.

DRONES ARMÉS

Pour mener ces opérations ciblées, les états-majors utilisent, depuis quelques mois, des drones armés Reaper, à l’instar des Américains. Sous Hollande, leur armement avait été refusé, pour des raisons éthiques. En septembre 2017, Emmanuel Macron a donné son feu vert pour que les Reaper puissent être, à l’avenir, dotés de bombes et de missiles. « C’est une arme efficace et complément­aire, utilisée comme le sont les chasseurs et les hélicoptèr­es de combat », plaide un officier supérieur. Le 21 décembre 2019, le premier Reaper armé français a tué sept djihadiste­s dans la région de Mopti, au Mali. Depuis, il ne se passe quasiment guère de semaines sans que les Reaper frappent des cibles au Sahel. Avec ces engins de guerre presque invisibles, Emmanuel Macron dispose d’un permis de tuer sans commune mesure avec celui de ces prédécesse­urs. Il s’en sert sans aucun état d’âme. ■

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aux deux soldats des forces spéciales
décédés le 10 mai lors d’une opération
au Burkina Faso.
Emmanuel Macron, le 14 mai 2019, lors de la cérémonie d’hommage aux deux soldats des forces spéciales décédés le 10 mai lors d’une opération au Burkina Faso.
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Soldat français surveillan­t un drone Reaper sur la base de Niamey au Niger, en 2015.
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côtés du Président, son nouveau chef d’état-major particulie­r, l’amiral Rolland.
Conseil de défense depuis Brégançon, le 11 août. Aux côtés du Président, son nouveau chef d’état-major particulie­r, l’amiral Rolland.
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Fabien Clain, djihadiste toulousain, présumé tué en Syrie en février 2019.
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Abdelmalek Droukdel, vétéran algérien du djihad, tué en juin 2020.
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Djamel Okacha, numéro 2 du GSIM, tué le 21 février 2019.
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Adnan Abou Walid al-Sahraoui, chef de l’EIGS, traqué par les Français.
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depuis mi-2017.
Bernard Emié, directeur de la DGSE depuis mi-2017.
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Photo prise lors du raid des forces françaises ayant tué Abdelmalek Droukdel le 3 juin 2020.

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