L’EMPIRE DES NON-SENS
Aujourd’hui #lundi14septembre des jeunes filles ont décidé spontanément partout en France de porter jupes décolletés crop top ou maquillage pour affirmer leur liberté face aux jugements & actes sexistes. En tant que mère, je les soutiens… »
Ainsi, selon Marlène Schiappa, une jeune fille désirant affirmer sa liberté devrait s’hypersexualiser, donc se soumettre à un modèle pornocratique ambiant véhiculé par nombre de réseaux. Consciente que son tweet oxymorique pourrait troubler les simples, la ministre a cru bon d’en donner la clé de voûte conceptuelle : « l’indécence est dans les yeux de celui qui regarde ». Autrement dit, décence et indécence ne seraient que des points de vue, des opinions relatives possédant la même valeur, donc n’en possédant aucune. La pudeur de l’un ne serait que l’impudeur de l’autre et se référer à une décence ou une indécence commune serait donc un péché. Conséquence paradoxale : la pornographie n’existant que « dans les yeux de celui qui regarde », il suffirait de les lui crever pour qu’elle disparaisse. Cette resucée relativiste infiniment ressassée depuis Protagoras (« L’homme est la mesure de toute chose ») pose toujours le même problème, celui de la contradiction performative : le point de vue de Marlène Schiappa énonçant que tous les points de vue se valent a la même valeur que le point de vue contraire. Autant dire qu’il n’en a aucune.