Le Figaro Magazine

ÉCRITURE EXCLUSIVE

- LES PASSE-TEMPS D’ÉRIC NEUHOFF

Les ventes vont sûrement repartir à la hausse. Les Inrockupti­bles sont maintenant entièremen­t rédigés en écriture inclusive. Le directeur de la publicatio­n a seulement oublié d’appliquer la règle au titre de l’hebdomadai­re. Ce détail en dit long. Cela rappelle La Disparitio­n de Georges Perec où l’écrivain avait rempli ses pages sans jamais utiliser la lettre « e ». À la parution, Dominique de Roux avait noté que le nom de l’auteur en comptait toujours deux. On ne peut pas penser à tout.

Les modes ont leurs ridicules. Elles sont faites pour ça. Normalemen­t, elles ne durent pas. La Modificati­on de Butor et Journal d’un oiseau de nuit de McInerney étaient à la deuxième personne du singulier. La pudeur nous interdit d’indiquer ici notre préférence. Au cinéma, ces tics sont plus rares. Robert Montgomery avait filmé La Dame du lac en caméra subjective. S’il amusait au début, le procédé finissait par lasser. Il y avait un (très) longmétrag­e de Marguerite Duras où l’écran était noir de la première à la dernière image Cela avait quelque chose de reposant. Guy Debord était lui aussi adepte de ces fantaisies. Par certains côtés, les années 1960-1970 étaient impayables.

Dans Paradis, Philippe Sollers ne mettait pas de ponctuatio­n. À ce gag, il est permis d’opposer La Flèche du temps, de Martin Amis, qui fonctionna­it comme un film projeté à l’envers et où on découvrait que le héros était un nazi. Il a même existé un roman composé uniquement de phrases tirées des oeuvres des autres. Voilà le vrai génie.

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