LA LEÇON DE CANAL+
Grandeur et décadence des chaînes de télévision.
Racontée dans le nouveau numéro de Schnock (Éditions La Tengo), l’aventure de Canal+ montre comment cette chaîne a été faite par des professionnels et défaite par des administratifs, des politiques et des financiers. C’est ce qui peut arriver à France Télévisions. En décembre 2017, Emmanuel Macron l’avait nommée « honte de la République ». Qu’a-t-on amélioré depuis ? Rien. Son esprit continue de se dissoudre dans ces chicanes et camarillas dont raffole la haute administration française, qui a mis la main sur la télévision publique, qu’elle ne lâchera qu’étouffée. Secouée par des décisions contradictoires, France Télévisions est devenue une de ces usines à gaz dont raffolent les technocrates. Plus c’est compliqué, mieux ils bichent.
Franck Riester était entré Rue de Valois dans l’espoir d’une grande réforme qui a fait long feu. Rien ne bouge non plus au CSA, dont le président, Roch-Olivier Maistre, a été surnommé « RochOlivier Schramaistre », tant il semble la copie conforme (et conformiste) de son prédécesseur Olivier Schrameck : tous ces pâles énarques interchangeables, danseurs de tango glissant sans avancer.
Laurent Guimier vient d’être nommé directeur de l’information. « France Télévisions doit fabriquer de la démocratie », déclare-t-il au Figaro. Noble pensée ! Bravo ! Ça en jette ! Mais on attend surtout de France Télévisions qu’elle fabrique de la télévision, ce qu’elle ne peut plus faire depuis trop longtemps. Tout comme l’esprit Canal, l’esprit du service public s’évapore.