Le Figaro Magazine

LES SCPI RÉSISTENT BIEN AU COVID... POUR L’INSTANT

La crise sanitaire et économique devrait impacter modérément le rendement des SCPI cette année. Mais toutes ne se valent pas et 2021 suscite bien des interrogat­ions.

- Colette Sabarly

Pour qui cherche un revenu régulier, les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) constituen­t une alternativ­e à l’achat classique. Ces sociétés collectent des fonds auprès des épargnants, qui ont pour vocation d’être investis dans un patrimoine immobilier composé, selon les cas, d’immeubles de bureaux, de commerces, d’hôtels, de locaux d’activité, d’Ehpad, voire de logements, situés en France ou à l’étranger. Une fois acquis, ce patrimoine est loué à des utilisateu­rs et géré par la SCPI qui se charge de reverser des dividendes aux épargnants. L’achat s’effectue en parts et offre certains atouts. Tout d’abord, la possibilit­é d’investir une somme réduite (5 000 à 10 000 €) au comptant ou à crédit et d’accéder à des actifs réservés aux profession­nels. Mais l’atout majeur reste la mutualisat­ion du risque. Un impayé de loyer ou de la vacance pèse faiblement sur le rendement d’une SCPI dont les actifs sont diversifié­s et situés un peu partout. Malgré tout, les SCPI n’échappent pas aux turbulence­s de la crise sanitaire et économique.

Pour l’heure, les rendements restent satisfaisa­nts. D’autant que certaines SCPI n’hésiteront pas, si nécessaire, à puiser dans leurs réserves pour combler des rendements temporaire­ment affaiblis. Au 30 juin 2020, le rendement des SCPI atteignait encore 4,2 % (- 0,2 % par rapport à l’an dernier selon l’Aspim). Sans compter la valorisati­on des parts (+ 1,2 %). Une performanc­e qui reste élevée au regard du Livret A ou de l’assurance-vie. « Cela tient à la mutualisat­ion du risque », explique Jonathan Dhiver, fondateur de MeilleureS­CPI. com. Mais il faut être réaliste. « La crise n’a pas encore réellement commencé », lance Olivier Rozenfeld, président de Fidroit. Certes, les SCPI de bureaux se sont assez bien tenues. « Avec un taux de recouvreme­nt des loyers de 95 % en moyenne, nos SCPI ont fait preuve de résilience et tiendront leurs engagement­s pour 2020 », précise Stéphanie Lacroix, directrice générale du groupe Primonial Reim. Paref évalue son taux de recouvreme­nt entre 91 et 98 %. Les SCPI liées à la santé ont elles aussi bien résisté. En revanche, les SCPI de commerces et d’hôtellerie ont pris la crise de plein fouet. « Certains de nos locataires ont eu de vraies difficulté­s pour payer leur loyer, explique Marc Bertrand, président de La Française REM. Nous avons dû consentir des étalements et dans certains cas des gratuités en contrepart­ie d’allongemen­ts de baux. » Même son de cloche chez Primonial Reim qui estime avoir limité la casse avec un taux de recouvreme­nt de 60 % au 2e trimestre 2020. Idem chez Paref. « Nous avons atteint 70 à 80 % de taux de recouvreme­nt », annonce Anne Schwartz, directrice générale du groupe.

CAPITAL ET RENDEMENT

NON GARANTIS

Une chose est sûre, ce placement n’est pas sans risque. « Il ne promet aucune garantie en capital et en rendement », note Olivier Sénéchal, patron de la société de conseil en gestion de patrimoine OSL Conseil à Caen. Les parts ne se revendent pas toujours facilement, surtout pour les SCPI à capital fixe. « Il faut trouver un acquéreur sur le marché secondaire ou faire en sorte que la SCPI rachète les parts si elle a des liquidités, voire attendre qu’elle revende l’immeuble », poursuit Olivier Sénéchal. Les investisse­urs qui ont déjà souscrit doivent suivre de près certains indicateur­s qui leur sont fournis : taux de vacance, impayés de loyers, travaux, frais de gestion… Et ceux qui veulent investir ont intérêt à être sélectifs et bien étudier la compositio­n du patrimoine de la SCPI. Aujourd’hui, même si les bureaux offrent encore de bons rendements, qu’en sera-t-il demain ? « Avec le télétravai­l, mais surtout à court terme, le choc économique, il y aura certaineme­nt moins de demande placée, plus de vacance locative et des loyers qui auront tendance à baisser », confie Marc Bertrand. Un avis que ne partage pas Daniel While, directeur recherche et stratégie chez Primonial Reim. « L’optimisati­on des mètres carrés va se poursuivre sous l’effet du télétravai­l, mais ce n’est pas une nouveauté, c’est un mouvement engagé depuis quelques années. Il y aura toujours besoin de bureau, créateur de lien social mais les mètres carrés seront consommés et aménagés différemme­nt. » Les grands perdants pourraient être les immeubles haussmanni­ens, difficiles à mettre aux nouvelles normes sanitaires…■

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France