LA CHRONIQUE
Réélu pour la quatrième fois à la présidence de la Chambre haute, il lui fait jouer un rôle de contre-pouvoir fort utile.
Soyons des réducteurs de fractures, des reconstructeurs de confiance ! » Quand il s’adresse à ceux qui viennent de l’élire président du Sénat pour la quatrième fois, Gérard Larcher peut se dire qu’il va maintenant assister de son fauteuil à quatre scrutins majeurs : deux régionaux, deux nationaux. Dans six mois, les départementales et les régionales ; dans dix-huit mois, la présidentielle suivie par les législatives. Au sommet de l’État, tout le monde tremble, sauf lui. À la fin de son actuel mandat, il sera le second président de la haute assemblée depuis 1958 à avoir assuré une telle durée à sa tête.
Son parcours est impressionnant : sénateur des Yvelines à 37 ans, il prend la présidence du Sénat (348 membres) à 59 ans, sous Sarkozy, en 2008, avec 173 voix ; trois ans plus tard, le socialiste Jean-Pierre Bel le bat, mais il reprend cette présidence en 2014, sous Hollande ; il la confirme en 2017, sous Macron, et à nouveau le 1er octobre dernier. Cette fois, il obtient 231 voix de ses confrères, dont six sur dix sont nouveaux par rapport au scrutin de 2014 – sa fierté est d’avoir réuni 73 % des suffrages exprimés ! Par rapport à sa première élection, il aura gagné 58 voix sur ses concurrents, en particulier socialistes, leur dernier chef de file (Patrick Kanner) n’ayant obtenu que 65 voix cette année ! Sa famille, ce sont les
148 sénateurs LR (présidés par Bruno Retailleau), ses amis, les 53 sénateurs centristes (Hervé Marseille), qui ont tous progressé.
À eux s’ajoutent des voix venues du groupe des Indépendants et des radicaux du RDSE. Cela en laisse moins d’une centaine aux socialistes, communistes et écologistes (qui, arrivés à 7, viennent de constituer un groupe avec leurs anciens). Que font les sénateurs de la République en marche, le parti d’Emmanuel Macron ? À l’Assemblée nationale, ils sont 271 (sur 577 députés) ; au Sénat, où ils étaient 23, les voici revenus à 20… Élu sénateur de l’Eure, Sébastien Lecornu, l’ancien LR devenu En marche et ministre des Outre-mer, comptait sur un ou deux sièges de plus dans son département – espoir déçu. Du coup, François Patriat, l’ancien socialiste réélu sénateur LREM de la Côte-d’Or, a repris la tête du groupe. Différents projets de textes imaginaient de fusionner le Sénat avec le Conseil économique, social et environnemental. Rien de tout cela n’a eu lieu. Le Sénat est redevenu un contre-pouvoir fort et au travail. Larcher se dit que ses campagnes sénatoriales lui ont assuré la durée et la liberté.