Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

Réélu pour la quatrième fois à la présidence de la Chambre haute, il lui fait jouer un rôle de contre-pouvoir fort utile.

- de François d’Orcival

Soyons des réducteurs de fractures, des reconstruc­teurs de confiance ! » Quand il s’adresse à ceux qui viennent de l’élire président du Sénat pour la quatrième fois, Gérard Larcher peut se dire qu’il va maintenant assister de son fauteuil à quatre scrutins majeurs : deux régionaux, deux nationaux. Dans six mois, les départemen­tales et les régionales ; dans dix-huit mois, la présidenti­elle suivie par les législativ­es. Au sommet de l’État, tout le monde tremble, sauf lui. À la fin de son actuel mandat, il sera le second président de la haute assemblée depuis 1958 à avoir assuré une telle durée à sa tête.

Son parcours est impression­nant : sénateur des Yvelines à 37 ans, il prend la présidence du Sénat (348 membres) à 59 ans, sous Sarkozy, en 2008, avec 173 voix ; trois ans plus tard, le socialiste Jean-Pierre Bel le bat, mais il reprend cette présidence en 2014, sous Hollande ; il la confirme en 2017, sous Macron, et à nouveau le 1er octobre dernier. Cette fois, il obtient 231 voix de ses confrères, dont six sur dix sont nouveaux par rapport au scrutin de 2014 – sa fierté est d’avoir réuni 73 % des suffrages exprimés ! Par rapport à sa première élection, il aura gagné 58 voix sur ses concurrent­s, en particulie­r socialiste­s, leur dernier chef de file (Patrick Kanner) n’ayant obtenu que 65 voix cette année ! Sa famille, ce sont les

148 sénateurs LR (présidés par Bruno Retailleau), ses amis, les 53 sénateurs centristes (Hervé Marseille), qui ont tous progressé.

À eux s’ajoutent des voix venues du groupe des Indépendan­ts et des radicaux du RDSE. Cela en laisse moins d’une centaine aux socialiste­s, communiste­s et écologiste­s (qui, arrivés à 7, viennent de constituer un groupe avec leurs anciens). Que font les sénateurs de la République en marche, le parti d’Emmanuel Macron ? À l’Assemblée nationale, ils sont 271 (sur 577 députés) ; au Sénat, où ils étaient 23, les voici revenus à 20… Élu sénateur de l’Eure, Sébastien Lecornu, l’ancien LR devenu En marche et ministre des Outre-mer, comptait sur un ou deux sièges de plus dans son départemen­t – espoir déçu. Du coup, François Patriat, l’ancien socialiste réélu sénateur LREM de la Côte-d’Or, a repris la tête du groupe. Différents projets de textes imaginaien­t de fusionner le Sénat avec le Conseil économique, social et environnem­ental. Rien de tout cela n’a eu lieu. Le Sénat est redevenu un contre-pouvoir fort et au travail. Larcher se dit que ses campagnes sénatorial­es lui ont assuré la durée et la liberté.

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