LITTÉRATURE

et le livre de Frédéric Beigbeder

★★★ Sur le vif, d’Éric Neuhoff, Éditions du Rocher, 265 p., 18,90 €.

L’auteur de Costa Brava est de ces écrivains qui soignent autant leurs romans que leurs articles, précaution d’usage garantissant une certaine postérité à ces derniers. La preuve avec Sur le vif, recueil de chroniques où, sans surprise, le cinéma et la littérature tiennent une belle place. Éric Neuhoff célèbre des icônes (Bardot, Delon, Deneuve, Sagan, Modiano…), rend hommage à ses idoles (Truffaut, Sinatra, Déon, Pascal Thomas, Bernard Frank…) ; le goût du bonheur et une nostalgie roborative courent entre les pages. Cet adolescent sexagénaire a compris que l’imparfait était le meilleur temps pour parler du présent. La couleur sépia ne lui fait pas peur, mais il n’a rien perdu de sa faculté d’admiration et d’émerveillement. Le Mépris croise un éloge du gin tonic qui « favorise la méditation ». On trinque à la beauté et à la douceur des choses… L’esprit des lieux – de Cadaqués à Lisbonne en passant par Biarritz ou Toulouse – surgit à travers de sensibles évocations. Tout cela est mélancolique, férocement drôle, d’une érudition joyeuse qui pétille tel du champagne. Il n’est pas interdit de se souvenir d’auteurs pour happy few comme Frédéric Berthet, Pierre Herbart ou Jean-François Gravier. L’esprit d’enfance prime ici sur l’esprit de sérieux. Des espérances et des sourires tracent les frontières d’« un art de vivre dont les origines se perdent dans la nuit des temps ». Remettez-nous ça, Éric.