Le Figaro Magazine

CRÉER UNE MARQUE MONDIALEME­NT CONNUE EN MOINS DE DIX ANS

La maison australien­ne Penfolds s’est construit une notoriété internatio­nale en un temps record. Explicatio­ns.

- Stéphane Reynaud

Pendant longtemps, ceux qui avaient entendu parler de Penfolds, une winery créée en 1844 à Adélaïde, se comptaient sur les doigts d’une main. La donne changea il y a neuf ans, quand la marque au logo très reconnaiss­able – qui rappelle celui de Coca-Cola ou de l’équipe de baseball des Dodgers – fut acquise par le groupe Treasury Wine Estates, mastodonte du secteur basé à Melbourne. Penfolds exporte aujourd’hui des milliers de palettes dans le monde (avec un chiffre d’affaires qui a depuis longtemps dépassé la barre des 50 millions). Surtout, elle suscite le désir, comme le disent les profession­nels du marketing. Car il est aussi question de cela. Penfolds a changé l’image que beaucoup de dégustateu­rs avaient du vin australien, souvent trop toasté, trop gras, bref, en un mot : racoleur. Avec ses dizaines de cuvées, assemblage­s ou monocépage­s, du moyen de gamme à la cuvée de prestige, la marque offre une vision large et avantageus­e de ce qui se fait dans le pays continent, à partir des vignes d’Australie méridional­e, mais aussi de Nouvelle-Galles du Sud, de l’État de Victoria ou encore de Tasmanie. Winemaker en chef de la maison mais aussi incarnatio­n de la marque et maître de cérémonie dès que l’occasion se présente, le Britanniqu­e Pete Gago compose le défilé annuel des bouteilles mises sur le marché. Il vient de présenter la collection 2020, une série de 14 cuvées, de blanc et de rouge, réparties sur les cinq derniers millésimes.

Alors, quoi de neuf Docteur Gago ? Remarquons un superbe Yattarna 2017, chardonnay bien tendu aux parfums de pêche et de nectarine. Coté rouge, d’abord un RWT Bin 798, un shiraz de la Barossa Valley de 2018, au nez de fruits rouges, à la fois vif et puissant en bouche, poudreux au palais : une petite merveille. Un autre shiraz, le St Henri, se distingue avec son nez herbacé, ses arômes de chocolat et, en bouche, la présence de l’olive noir. Tout cela sans emphase. Enfin, il y a le Grange, la cuvée emblématiq­ue de la maison, dont le 2016 serait selon Gago « à la hauteur du 2010 et du 2004 ». Issus des meilleurs raisins de shiraz collectés dans toute l’Australie, cet assemblage couleur rubis, qui fleure bon les baies noires et la réglisse, se révèle tannique et très dense en bouche mais parfaiteme­nt équilibré. Tout cela est fort séduisant, fait son effet lors d’une soirée entre amis, mais reste onéreux comparé aux vins de qualité équivalent­e de chez nous. Le prix de l’exotisme, sans doute.

Yattarna 2017, 174 € ; St Henri 2017, 100 € ; RWT Bin 798 2018, 160 € et Grange 2016, 650 €.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France