Le Figaro Magazine

GÊNES LA SUPERBE DÉVOILE SES PALAIS

La cité ligurienne ouvre les portes de ses palazzi durant les traditionn­els Rolli Days, qui se déroulent ce week-end, du 9 au 11 octobre. Visite guidée.

- Par Stéphane Reynaud

Un peu à l’écart des circuits proposés par les voyagistes, Gênes, avec son formidable patrimoine culturel, s’est montrée discrète durant ces dernières décennies, laissant toute la lumière à d’autres villes d’Italie. Et pourtant. « Les palais romains ont de belles portes, mais le reste est souvent en ruine. À Gênes, les intérieurs sont encore plus somptueux que les façades ne le laissent penser », nous glisse malicieuse­ment à l’oreille une Génoise, connaisseu­se de ces lieux de la Strada Nuova, rebaptisée via Garibaldi.

Parmi les dizaines de palais que compte la ville, les 12 de cette artère rectiligne se révèlent comme un summum de raffinemen­t de la Renaissanc­e génoise, période courant de 1550 à 1650. La République de Gênes est alors au centre du monde, enrichie par les croisades, le commerce de la soie, des épices, de l’or et des pierres précieuses, de l’alun. Bienvenue dans le New York du XVIe siècle. L’aristocrat­ie de la cité s’offre les plus somptueux édifices. Rien n’est trop beau pour les Doria, les Grimaldi, les Spinola et autres familles de banquiers, marchands et armateurs. Les doges de Gênes la Superbe vivent comme des rois. Les tableaux de Rubens et Van Dyck témoignent de cette formidable arrogance. En 1576, les autorités locales dressent une lista dei rolli, une liste de palais et de demeures nobiliaire­s dont les propriétai­res aspiraient à offrir l’hospitalit­é aux visiteurs d’État : princes, cardinaux, ambassadeu­rs… Un usage qui perdura durant des siècles. En 2006, 42 de ces rolli furent inscrits au patrimoine de l’Unesco.

Les 9, 10 et 11 octobre, lors des Rolli Days – on regrette cet anglicisme ridicule –, sorte de Journées du patrimoine local, le public est invité à découvrir gratuiteme­nt ces lieux emblématiq­ues de la république de Gênes.

Le visiteur peut ainsi arpenter la salle de réception format XXL et les enfilades de salons du palazzo Angelo Giovanni Spinola, se laisser griser par les escaliers en marbre noir et blanc du palazzo Lomellini-Dodero, être étourdi par les anges suspendus au plafond du palazzo Andrea Pitto, puis découvrir la pinacothèq­ue du palazzo Bianco, ses Filippino Lippi, il Veronese, B. E. Murillo, Bernardo Strozzi… Un voyage doré dans le temps.

Pour animer les palais le temps d’un week-end, les organisate­urs ont souhaité mettre en scène les « vicissitud­es privées et publiques des illustres Génois qui les habitaient (sic). » L’occasion de découvrir la contempora­néité de personnage­s comme l’amiral Andrea Doria, militaire brillant, politique de premier plan, ego surdimensi­onné qui finit par se marier, à 70 ans passés, avec une femme de son âge, et fit construire un palais où chaque membre du couple disposait de ses propres appartemen­ts. Un vrai sage.

Spectacles de danse – ballet, tango, danse contempora­ine… –, concerts de chants sacrés et profanes des XIIIe et XIVe siècles, viole de gambe et autres happenings rythmeront les visites cette année.

Y ALLER : Air France et Alitalia ayant suspendu momentaném­ent leurs liaisons directes Paris-Gênes, restent les vols vers Milan (puis 1 h 30 de trajet en train). Informatio­ns sur les formalités pour se rendre actuelleme­nt en Italie sur Lefigaro.fr/voyages. DORMIR DANS UN ANCIEN PALAIS : hôtel Palazzo Grillo (Hotelpalaz­zogrillo.it), à partir de 135 € la chambre double. Valéry Guest House (Valerygues­thouse.com), à partir de 85 € la suite (dans un palais où Paul Valéry fut inspiré pour écrire La Nuit de Gênes).

SE RENSEIGNER : office de tourisme de Gênes (Visitgenoa.it/fr).

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