Le Figaro Magazine

YVES GOURMELON, PIONNIER DU “FIGARO MAGAZINE” Par Maurice Beaudoin

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Lorsque, avec Louis Pauwels, nous avons créé Le Figaro Magazine, en octobre 1978, dans un bureau de 20 m2, au 6e étage du 83, rue Montmartre, Yves Gourmelon, disparu la semaine dernière, était des nôtres. Il assurait la partie technique : maquette, direction artistique, secrétaria­t de rédaction.

Trois semaines plus tôt, je discutais devant l’immeuble mythique du Figaro, rue du Louvre, ancien siège des quotidiens Ce soir, Paris-Presse, Paris Jour. Il passait par là. Je lui demande : « Que devenez-vous ? » Il me répond : « Rien, je suis sans travail. » Je réplique : « Passez me voir cet après-midi. » Le soir, je l’embauchais. Yves, je l’avais rencontré peu avant au CFJ, le Centre de formation des journalist­es. Il venait d’ajouter son diplôme à ses licences de lettres et de droit. Je réalisais alors un journal école avec des élèves de 2e année. J’avais dessiné une maquette de 16 pages qu’ils devaient réaliser. Je cherchais un assistant pour en surveiller l’exécution. Le CFJ m’a proposé un ancien élève, Yves Gourmelon. Je l’avais trouvé brillant.

La première maquette du Fig Mag ressemblai­t étrangemen­t à celle de mon journal école. Yves Gourmelon l’a vite reconnue, avec ses trois sections, politique/société, culture, art de vivre. Il s’est donné à fond pour la réaliser. Nous avons beaucoup travaillé pour la sortie de ce premier numéro. Yves n’avait pas d’horaires. Tôt le matin, tard le soir, boulot tout le week-end. Il avait le rythme de ses 28 ans. On peut dire qu’Yves Gourmelon a été l’un des créateurs de notre journal.

Fils d’un inspecteur des impôts, il en avait hérité la rigueur. Ce technicien connaissai­t le magazine dans le moindre détail. Il dessinait d’un trait acéré. Parfois ombrageux, il aimait les tablées de copains, bien manger et bien boire. Louis Pauwels avait été plutôt surpris lorsqu’un troisième jeudi de novembre, Yves avait fait installer dans notre salle de réunion un petit tonneau de beaujolais nouveau et des plateaux de cochonnail­les. Pauwels le rigoureux n’avait pas bronché. Imperturba­ble, il avait trinqué et participé au mâchon…

Abandonnan­t ses plannings, son « chemin de fer », son bureau-cagibi, Gourmelon a quitté Le Fig Mag, voilà quelques années, pour se retirer en province, emportant ses stylos pour dessiner. Il a participé au succès de notre magazine, à tous ses grands moments. Yves fut l’un de nos magiciens.

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