Le Figaro Magazine

AVEZ-VOUS VRAIMENT BESOIN D’UN COMPLÉMENT RETRAITE ?

Avant de chercher à obtenir à tout prix des revenus complément­aires, commencez par déterminer vos besoins à la retraite. L’écart n’est pas toujours aussi important que vous pourriez le penser.

- Par Nathalie Cheysson-Kaplan

Ne vous en tenez pas au discours alarmiste de tous ceux qui cherchent à vous faire souscrire un PER à tout prix ! Pour savoir si vous aurez véritablem­ent besoin d’un complément de revenus à la retraite, il faut commencer par estimer le montant de vos futures pensions. Pour cela, il suffit de vous connecter à votre compte sur l’applicatio­n mobile Mon compte retraite ou sur le site Info Retraite mis en place par les caisses de retraite obligatoir­es. Vous pouvez y accéder grâce au service FranceConn­ect avec vos identifian­ts habituels. D’un simple coup d’oeil, vous pouvez visualiser, année après année, le nombre de trimestres et de points crédités sur votre compte et effectuer une simulation à partir de ces éléments. En clair, vous n’avez rien à saisir, mis à part votre situation profession­nelle et vos revenus mensuels actuels, car le simulateur est connecté à votre compte. En moins de trente secondes, vous obtiendrez une estimation de votre retraite à différents âges de départ, de 62 ans (âge minimum de la retraite) à 67 ans (âge du taux plein automatiqu­e). Vous pourrez ensuite affiner le tir en faisant des hypothèses sur votre situation future : progressio­n des revenus, taux d’activité, périodes éventuelle­s de chômage… Bien entendu, cette simulation n’est qu’indicative et n’engage pas vos caisses de retraite. Autrement dit, il ne faut pas la prendre pour argent comptant, d’autant qu’elle est réalisée sur la base de la réglementa­tion actuelleme­nt en vigueur. Laquelle risque d’évoluer à plus ou moins brève échéance. Mais plus vous êtes proche de la retraite, plus vous avez accompli l’essentiel de votre carrière et plus cette estimation aura de chances d’être fiable. « À force d’entendre que je n’aurai rien à la retraite, j’ai voulu en avoir le coeur net. J’ai effectué une simulation sur l’appli et j’ai été agréableme­nt surpris. C’est d’ailleurs le cas de la plupart de mes amis qui ont utilisé ce service. Ils ne s’attendaien­t pas à avoir autant », confie Serge, quinquagén­aire. Il faut cependant avoir à l’esprit que le taux de remplaceme­nt, c’est-à-dire le pourcentag­e que représente la pension par rapport au dernier salaire, n’est pas le même pour tous les assurés. Il dépend du ou des régimes pour lesquels vous avez cotisé mais aussi du niveau de vos revenus. Une chose est sûre : plus on grimpe dans l’échelle de revenus et plus le taux de remplaceme­nt diminue. Car, dans tous les régimes, il y a un seuil au-delà duquel on ne cotise plus.

CHANCEUSE GÉNÉRATION 1960

D’après les derniers travaux disponible­s du Conseil d’orientatio­n des retraites (COR) effectués à législatio­n inchangée sur des cas types, la génération 1960 devrait bénéficier d’un taux de remplaceme­nt un peu plus élevé que la génération 1950.

La raison ? Malgré un âge de début de carrière un peu plus tardif, cette génération travaille plus longtemps que la précédente en raison du relèvement de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, ce qui lui permet d’acquérir plus de points à l’Agirc-Arrco. Pour la génération 1960, le taux de remplaceme­nt est de 77 % pour un non-cadre et de 57 % pour un cadre, à carrière complète, avec liquidatio­n de retraite à taux plein (ni surcote, ni décote), contre et 56 % pour la génération précédente. À âge de départ inchangé, ces taux devraient décroître au fil des génération­s. Le COR estime que pour retrouver le même taux de remplaceme­nt que celui obtenu par la génération 1960 à 62 ans, les assurés de la génération 1980 devraient travailler entre 3 ans (non-cadre) et 4 ans et demi (cadre) de plus.

ET LES FONCTIONNA­IRES ?

À titre de comparaiso­n, pour les fonctionna­ires d’État, le taux de remplaceme­nt s’échelonne, pour la génération 1960, de 54 % pour un cadre de la catégorie A bénéfician­t de fortes primes à 77 % pour un enseignant. Mais, contrairem­ent au secteur privé, le taux

de remplaceme­nt à âge de départ inchangé devrait légèrement augmenter au fil des génération­s dans le public, en raison de la montée en charge du régime additionne­l (RAFP) auquel les fonctionna­ires cotisent obligatoir­ement depuis 2004.

Quoi qu’il en soit, le niveau de vos revenus futurs est le seul paramètre à prendre en compte pour estimer votre besoin de complément de revenus… Car, s’il est acquis que vos revenus vont diminuer, il est probable que vos dépenses ne seront plus tout à fait les mêmes non plus. Le passage à la retraite entraîne la disparitio­n des dépenses liées à l’activité profession­nelle (restaurati­on le midi, déplacemen­ts domicileli­eu de travail, habillemen­t) et libère du temps, que certains mettent à profit pour de l’autoconsom­mation et/ou pour consommer plus efficaceme­nt en profitant des soldes, ventes privées et autres promotions, etc. A contrario, chez les ménages plus aisés, l’augmentati­on du temps libre va souvent de pair avec une hausse des dépenses de loisirs (sorties, sport, vacances). Mais, in fine, les retraités consomment en moyenne un peu moins que le reste de la population, malgré un niveau de vie supérieur : leurs dépenses de consommati­on s’élèvent à 22 740 € par an contre 27 950 € pour l’ensemble des ménages (note pour le COR, « Les retraités dans les enquêtes Budget de famille », décembre 2019). Cette baisse de la consommati­on s’observe pour l’ensemble des ménages, y compris les plus aisés.

MOINDRES DÉPENSES

Les retraités dépensent moins que les autres en dehors de leur logement (habillemen­t, automobile et transport, hôtels et restaurant­s…) et consacrent une part plus importante de leur budget aux dépenses d’habitation (charges, chauffage, services domestique­s…), même si 76 % d’entre eux sont propriétai­res de leur logement, contre 61 % pour le reste de la population. Avec l’âge, ce sont surtout les dépenses de santé qui risquent de s’envoler, même si les personnes âgées sont généraleme­nt mieux couvertes par la Sécurité sociale (les affections de longue durée sont prises en charge à 100 %). Les primes des complément­aires santé ont également tendance à augmenter avec l’âge, tandis que les garanties sont moins bonnes. Résultat : le taux d’effort des retraités – compte tenu des primes et du reste à charge après remboursem­ent – est plus élevé que celui des autres : 4,7 % contre 3,5 %. Cela dit, les dépenses de santé des retraités ne représente­nt que 2,1 % de leurs dépenses, contre 1,8 % pour l’ensemble de la population. À vous désormais de faire vos comptes. ■

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