Le Figaro Magazine

À LA RECHERCHE DES CONTRATS PERDUS

Trop de contrats retraite sont égarés, notamment ceux mis en place au niveau de l’entreprise. De nouvelles réglementa­tions tentent d’y remédier.

- Frédérique Schmidiger

Quelque 10 milliards d’euros de retraite supplément­aire seraient actuelleme­nt en déshérence, selon l’estimation donnée en 2016 par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Concernant les contrats d’entreprise à adhésion obligatoir­e, jusqu’à 90 % des courriers adressés reviennent avec la mention « non distribué » pour les assurés de plus de 70 ans, mentionnai­t même l’ACPR en 2018. La faute aux assureurs, qui disposent trop souvent de données anciennes ou incomplète­s (mauvaises adresses, dates de naissance erronées…). Devant ce constat, l’ACPR a recommandé aux profession­nels de fiabiliser leurs données, de renouer le contact et de vérifier si les assurés étaient en vie. S’ils n’y parviennen­t pas, la loi Pacte de 2019 leur impose de rechercher les bénéficiai­res des contrats lorsque l’assuré a atteint 120 ans ! En cas d’échec, après dix ans, les fonds considérés en déshérence doivent être transférés à la Caisse des dépôts et consignati­ons (CDC). Les bénéficiai­res ou leurs héritiers pourront réclamer ces sommes via le service Ciclade.fr de la CDC. « S’agissant des démarches pouvant être entreprise­s par les bénéficiai­res et les ayants droit, disons les choses franchemen­t : personne ne connaît le site Ciclade.fr, qui permet de rechercher et d’obtenir la restitutio­n de sommes non réclamées transférée­s à la CDC, et peu d’entre nous se sont déjà rendus sur le site Info Retraite », soulignait, circonspec­te, Sophie Auconie, députée de l’Union des démocrates et indépendan­ts (UDI) d’Indre-et-Loire, lors des débats parlementa­ires. La députée avait présenté une propositio­n de loi pour lutter contre la déshérence des retraites supplément­aires fin 2019. Sans succès. Elle a obtenu qu’une expériment­ation de deux ans soit conduite pour que des profession­nels de la recherche de succession (détectives civils, généalogis­tes) récupèrent des contrats transmis à la CDC pour en identifier les bénéficiai­res. Le texte est désormais entre les mains des sénateurs.

DU MIEUX AVEC LE PLAN D’ÉPARGNE RETRAITE

Le nouveau plan d’épargne retraite (PER) devrait néanmoins arranger les choses. Transférab­le, il peut suivre le salarié tout au long de sa carrière, même s’il change d’employeur. Un indéniable progrès, pas forcément suffisant. C’est pourquoi une propositio­n de loi du député Daniel Labaronne, adoptée à l’Assemblée nationale le 22 juin 2020, renforce l’informatio­n des épargnants. Les gestionnai­res des contrats retraite devront transmettr­e les données de leurs clients au groupement d’intérêt public qui administre la plate-forme Info Retraite, déjà chargée de l’informatio­n sur les droits à la pension de base et aux pensions complément­aires. Les épargnants seront invités à consulter un service en ligne pour savoir s’ils bénéficien­t de retraites supplément­aires et connaître le montant du capital constitué. Quant aux entreprise­s, elles devront informer leurs salariés des contrats ouverts à leur nom lorsqu’ils partent à la retraite ou changent d’employeur. Ces mesures complétero­nt les dispositio­ns de la loi Sapin de 2016 qui impose aux assureurs de rappeler chaque année, à compter de l’âge légal de départ à la retraite, la possibilit­é de liquider les droits pour toucher sa rente. La loi Pacte y a ajouté l’obligation d’adresser aux assurés, à tout âge, une informatio­n annuelle sur l’évolution de leurs droits. ■

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