COMMENT DÉBUTER UNE COLLECTION D’ART
Vous avez toujours rêvé de devenir collectionneur sans jamais oser le faire ? Acheter de l’art est à la portée de tous pour peu que l’on prenne le temps de bien s’informer. Nos cinq conseils pour se lancer en limitant les faux pas.
Avec le développement des plates-formes de vente en ligne, l’art s’est largement démocratisé. Simple amateur ou futur collectionneur, vous pouvez dénicher des tableaux, des dessins, des photos, des estampes, des livres précieux ou encore des meubles anciens à des prix accessibles. Mais avant de vous lancer, prenez certaines précautions. « Un particulier qui souhaite débuter une collection doit commencer par définir précisément ses objectifs. Les oeuvres d’art sont acquises, transmises et échangées tant pour des raisons artistiques et sociales que financières. Pour rencontrer la bonne oeuvre, le futur acquéreur doit déterminer ses motivations », explique Arnaud Dubois, conseiller en gestion de patrimoine artistique et fondateur d’Arnaud Dubois Associates.
1 DÉTERMINEZ UN FIL CONDUCTEUR ET UN BUDGET
« Selon le rapport annuel du marché de l’art réalisé par Art Basel et UBS, 85 % des oeuvres échangées le sont à moins de 10 000 €. Les plus visibles, vendues plusieurs millions de dollars, ne représentent que 0,7 % du marché mondial », détaille Arnaud Dubois. Il est donc possible de débuter une collection sans se ruiner. Tout dépend de vos goûts et de votre budget. Si ce dernier est limité, intéressezvous aux photos et aux lithographies. Ces dernières sont, par exemple, accessibles à moins de 500 €, mais il faut vérifier leur état et le nombre de tirage pour s’assurer de leur authenticité (leur prix dépend du nombre d’exemplaires produits).
Si vous êtes attiré par l’art contemporain, certaines pièces sont accessibles à partir de quelques milliers d’euros. « Mais il faut compter au moins 30 000 € pour l’oeuvre d’un artiste qui expose à l’international », précise Fabien Bouglé, consultant en gestion de patrimoine artistique chez Saint Eloy Art Wealth Management. Vous devez aussi réfléchir au fil rouge de votre collection, qui peut se concentrer sur un(e) artiste, une époque, un mouvement (art moderne, pop art…) ou même une technique (photo, vidéo…), pour tisser des liens entre vos différentes pièces.
2 MULTIPLIEZ LES SOURCES D’INFORMATION
Avant de vous lancer, tenez-vous informé des dernières tendances du marché et de la cote des artistes que vous visez. Pour cela, arpentez les galeries. Les professionnels pourront répondre à vos questions. Vous pouvez aussi vous rendre dans les foires, les salons spécialisés et les maisons de vente aux enchères (Drouot, Artcurial, Sotheby’s…). Enfin, allez voir les expositions. « La cote d’un artiste est souvent corrélée à sa représentation institutionnelle. C’est généralement la reconnaissance des musées qui lui donne sa légitimité », confirme Arnaud Dubois.
Dans cette période de crise sanitaire, internet est aussi un outil efficace pour suivre les artistes et leur actualité. Cela vous donne une idée de leur notoriété. « Vous pouvez aussi vous abonner à des revues spécialisées comme La Gazette Drouot ou Le Journal des arts qui donnent les grandes tendances du marché de l’art », ajoute Fabien Bouglé.
3 PROSPECTEZ PARTOUT
Pour acheter une oeuvre, vous pouvez vous rendre dans une galerie, chez un marchand d’art ou un antiquaire. Les maisons de vente organisent aussi des ventes aux enchères partout en France avec du mobilier et des oeuvres, provenant notamment de successions, à des prix accessibles. En tant qu’acheteur, vous devez régler une commission de 20 à 30 % du prix « marteau », adjugé lors de la vente. Moins connus, les « fonds d’ateliers » permettent aussi de découvrir des oeuvres d’un artiste qui vient de disparaître.
Il existe sur internet des plates-formes pour acheter des oeuvres comme, par exemple, le site Interencheres.com qui regroupe les annonces (tableaux, voitures de collection…) de centaines de commissaires-priseurs ou le site Artsper.com qui propose 130 000 oeuvres d’art contemporain.
Vous pouvez aussi vous rendre sur les sites de vente entre particuliers (Leboncoin, eBay…), où de nombreux objets sont à vendre. Mais, attention, vous n’aurez aucune garantie sur l’authenticité de l’objet acheté. Enfin, n’oubliez pas les puces, les brocantes et les vide-greniers qui permettent de dénicher la perle rare, à condition d’avoir l’oeil.
Avant d’acheter une oeuvre, essayez de rassembler le maximum d’informations la concernant. Renseignez-vous sur son origine. Sa valeur dépend de sa signature, de son état de conservation et de son authentification. Pour cela, vous pouvez faire appel à un expert indépendant ou à une maison de vente qui l’expertisera. Enfin, si vous cherchez des meubles, des bijoux ou des livres anciens, n’hésitez pas à vous faire conseiller. « Il s’agit d’un marché de niche qui requiert le plus souvent l’expertise d’un spécialiste », explique Arnaud Dubois.
4 FIXEZ-VOUS DES LIMITES
« Le marché de l’art est une découverte et une redécouverte d’artistes dont la cote ne cesse d’évoluer selon les périodes », estime Fabien Bouglé. Vous pouvez donc miser sur ceux auxquels vous croyez. Mais privilégiez toujours une oeuvre qui vous plaît. « Il faut se méfier des effets de mode qui peuvent entraîner une forte volatilité sur le marché pour certains artistes, prévient Arnaud Dubois. En vente publique, il est nécessaire de se fixer au préalable un prix maximal à ne pas dépasser pour ne pas se faire emporter par la passion des enchères. »
N’oubliez pas que le marché de l’art est peu liquide, un tableau ne se revend pas en quelques heures. Mais il présente d’autres avantages : il est décorrélé des actifs traditionnels, permet de diversifier votre patrimoine et de bénéficier d’une fiscalité favorable (lire encadré).
5 BIEN CONSERVER VOS OEUVRES ET OBJETS
Prenez, enfin, toutes vos précautions pour exposer vos oeuvres. Les dessins ou les tableaux, par exemple, supportent mal la lumière, la poussière et les fortes variations de température. Placez-les dans un endroit adapté (loin d’un radiateur ou d’une fenêtre…) et évitez de trop les manipuler. Rangez vos objets dans une vitrine en verre pour les protéger.
Les objets d’art peuvent être couverts par un contrat d’assurance multirisque habitation. Mais lorsque leur valeur est supérieure à 50 000 €, il est recommandé de la compléter par un contrat spécifique (Axa, Hiscox…). Ces assurances sont relativement abordables (moins de 500 € par an pour une collection valant jusqu’à 200 000 €), mais les compagnies peuvent exiger l’installation d’un système de sécurité dédié. ■