Le Figaro Magazine

QUAND CHAMBORD FAIT CAUSE COMMUNE AVEC BEAUNE

- Frédéric Durand-Bazin

Le château de Chambord et les Hospices de Beaune ont conclu un partenaria­t inédit. À l’occasion de la 160e vente des vins qui se tiendra dans la cité beaunoise le 3e week-end de novembre, une cuvée d’exception offerte à une associatio­n caritative sera vendue dans un fût issu des forêts du domaine créé sous François Ier.

Qu’est-ce qui peut unir le château de Chambord et les Hospices de Beaune ? Tant de choses, pourrait-on rétorquer. Le vin, tout d’abord. Le domaine des Hospices de Beaune, entièremen­t constitué par des dons successifs commencés au XVe siècle, représente aujourd’hui environ 60 hectares de vignes, 73 même, si on lui ajoute les 13 hectares des Hospices de NuitsSaint-Georges. Le domaine viticole du château de Chambord est, pour sa part, beaucoup plus modeste et récent : 14 hectares plantés en 2015, et qui ne produisent pour l’instant que 14 000 bouteilles.

Ces deux monuments symbolisen­t aussi la beauté et la grandeur du patrimoine français. Tout le monde connaît l’architectu­re unique des Hospices de Beaune et ses immenses toitures en tuiles vernissées multicolor­es. De même, celle du château de Chambord est dans toutes les mémoires, avec cet édifice Renaissanc­e centré en forme de croix grecque flanqué de quatre immenses tours rondes.

UNE SÉLECTION DES MEILLEURS CHÊNES DE CHAMBORD

Mais c’est aujourd’hui un fût de 228 litres qui unit l’histoire de ces deux grands sites historique­s et patrimonia­ux. Le Domaine national de Chambord a choisi, cette année, d’offrir aux Hospices de Beaune cet écrin exceptionn­el, façonné par le tonnelier Cadus, situé à Ladoix-Serrigny, en Côte-d’Or. « Notre domaine compte environ 5 000 hectares de forêts dont nous prélevons chaque année environ 4 m3 de bois par hectare que nous revendons pour subvenir aux besoins du château », explique Jean d’Haussonvil­le, son directeur général. Depuis quelques années, le domaine confie même des merrains à la tonnelleri­e Cadus pour qu’elle fabrique une centaine de fûts par an, qui sont ensuite vendus à des grands domaines de Bourgogne, du Rhône, de Bordeaux ainsi qu’à l’étranger. « Avec le château de Chambord, nous avons noué un partenaria­t sous forme de mécénat pour ne proposer que des fûts en quantité limitée et haut de gamme, issus d’une sélection de chênes très rigoureuse, s’enthousias­me Antoine de Thoury, le président de la tonnelleri­e. Il était tout à fait naturel que ce partenaria­t nous conduise à proposer une pièce d’exception pour la vente des Hospices de Beaune. » Chaque année, lors de la traditionn­elle vente aux enchères des vins du domaine des Hospices de Beaune, qui se tient le 3e week-end de novembre, une pièce est ainsi offerte à une ou plusieurs associatio­ns caritative­s. Appelée « pièce des présidents », elle sera cette année proposée dans cet écrin de luxe, issu des forêts du château de Chambord, et vendue au profit du personnel soignant touché par la Covid-19 et à leurs familles. « Nous avons décidé d’offrir cette année un de nos grands crus les plus prestigieu­x, à savoir un Clos de la Roche, issu d’une sélection de nos meilleurs pieds au sein du climat Les Froichots, explique François Poher, président du directoire des Hospices civils de Beaune. Traditionn­ellement, nos vins, une fois vendus, sont élevés chez un de nos négociants partenaire­s. Cette fois, pour accentuer le côté exceptionn­el de cette vente, nous allons proposer à l’acheteur d’élever nous-même ce vin ! » François Poher espère que cette vente atteindra des sommets. Le record absolu pour la pièce de charité date de 2015, où un acheteur anonyme a acquis pour 480 000 € un fût de Corton Renardes Grand cru.

UN CLIN D’OEIL À L’HISTOIRE

Jean d’Haussonvil­le voit dans cette associatio­n inédite un clin d’oeil de l’Histoire : « Il était sans doute écrit que nous devions un jour nous associer dans un projet avec une entité bourguigno­nne comme celle des Hospices de Beaune. Lorsque François Ier a fait bâtir le château de Chambord, il imagina également d’y planter de la vigne et fit venir de Beaune des pieds de romorantin, un croisement entre le pinot noir et le gouais. C’est pour prolonger cette histoire commune que nous avons fait replanter 4 hectares de ce cépage dans notre domaine. » ■

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France