Le Figaro Magazine

LES CLÉS POUR COMPRENDRE

- Judith Waintraub

L’Assemblée nationale vient de voter à l’unanimité une loi dite de « restitutio­n » de plusieurs pièces de collection au Bénin et au Sénégal. Le Tchad, l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire et le Mali demandent eux aussi à notre pays de se défaire d’un nombre incalculab­le d’objets d’art.

Le mot lui-même fait polémique : parler de « restitutio­n » des oeuvres de collection africaines, c’est admettre qu’il s’agit de biens mal acquis, obtenus par ruse ou par intimidati­on, sinon volés. C’est appliquer la morale contempora­ine à des actes commis dans un contexte historique totalement différent. Emmanuel Macron mesurait donc les conséquenc­es de son choix sémantique quand il a déclaré le 28 novembre 2017 à Ouagadougo­u, devant des étudiants burkinabés : « Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutio­ns temporaire­s ou définitive­s du patrimoine africain en Afrique. »

Le Président savait aussi ce qu’il faisait en confiant quatre mois plus tard à Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, deux universita­ires adeptes des théories post-colonialis­tes, la rédaction d’un rapport sur la « restitutio­n du patrimoine culturel africain ».

Le projet de loi relatif à la restitutio­n de biens culturels au Bénin et au Sénégal, voté à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 6 octobre, s’inscrit dans cette logique. Son rapporteur, le député En Marche Yannick Kerlogot, a beau prendre ses distances avec les préconisat­ions du tandem Savoy-Sarr, il conçoit lui aussi la « restitutio­n » des oeuvres comme un acte de « réparation » des « pages les plus sombres » de notre Histoire. « La seule repentance, comme la contrition, ne permet pas le rebond, a-t-il expliqué dans l’hémicycle. Toutefois, en restituant, nous poursuivon­s l’écriture de l’Histoire. »

La seule vraie différence entre ce qu’écrivent les auteurs du rapport du gouverneme­nt et la position du gouverneme­nt, c’est que l’exécutif ne veut pas d’un texte qui engloberai­t toutes les spoliation­s, ou supposées telles. Pour le moment.

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