Le Figaro Magazine

FRACTURES FRANÇAISES

Dans son nouveau livre, le général de Villiers expose ses inquiétude­s sur la France… et ses propositio­ns pour la reconstrui­re.

- LA CHRONIQUE DE FRANÇOIS D’ORCIVAL

L’équilibre est un courage. Le troisième livre en trois ans du général Pierre de Villiers est arrivé en librairie la veille de l’assassinat du professeur d’histoire de Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty. Il ne croyait pas si bien dire quand il écrivait :

« L’insoucianc­e n’a que trop duré. » Il était chef d’étatmajor des Armées en 2015 quand ont eu lieu les attentats de Charlie Hebdo, ceux du Bataclan et de l’Hyper Cacher. Il en a gardé le souvenir de discours superbes. Mais aujourd’hui ? Ses lecteurs lui disent :

« On en a marre des discours. Il est temps de passer aux actes. »

Le premier livre du général de Villiers, paru trois mois après que le chef de l’État se fut séparé de lui, s’intitulait

Servir ; le deuxième :

Qu’est-ce qu’un chef ?

En écrivant le troisième, l’an dernier et durant la crise sanitaire, il s’est rappelé le mot d’Emmanuel Macron, à bord du porte-avions

Charles-de-Gaulle :

« Je n’ai pas réussi à réconcilie­r le peuple français avec ses dirigeants. » Pourquoi ? Villiers aura passé près de dix ans au sommet de l’État : deux années auprès du premier ministre à Matignon, puis quatre ans comme major général, numéro 2 des armées, et trois ans et demi comme chef d’état-major.

Il a observé le milieu politique, au plus près, à droite, sous Sarkozy et Fillon, à gauche, sous Hollande, puis sous Macron : cette « France si fracturée ». L’actuel président de la République parle de fracture territoria­le, numérique, sociale, identitair­e, culturelle.

Lui préfère évoquer des risques majeurs : le grand déclasseme­nt de la France, celui des « gilets jaunes », le grand remplaceme­nt, via le communauta­risme, le grand réchauffem­ent, celui du climat, et pour finir le grand renverseme­nt, par le chaos économique et social. Il conclut : la France ne se reconstrui­ra pas sur la peur. Mais alors, sur quoi ? Villiers répond : sur l’humanité et la fermeté. En attaquant le mal à la racine. La France a absorbé 14 millions d’hommes et de femmes d’origine étrangère en deux génération­s, 21 % de sa population ! Peut-elle aller plus loin ? « Dépasser ce seuil, dit-il, nous ferait courir un risque majeur » – de séparatism­e, de clientélis­me. On a vu à Dijon, en juin dernier, deux bandes s’affronter pour le contrôle d’un trafic de stupéfiant­s. Des Maghrébins contre des Tchétchène­s – déjà ! Comment se fait-il que les uns et les autres se battent sur notre sol ? C’est en éradiquant « les mauvaises herbes » que nous clarifiero­ns l’avenir, dit le général de Villiers.

* L’équilibre est un courage, du général d’armée Pierre de Villiers, Fayard, 340 p., 22,50 €.

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