Le Figaro Magazine

MODERNITÉ DE SCHUBERT

Foin de toute trahison, l’Ensemble Contraste et Rosemary Standley revisitent avec grâce l’oeuvre du compositeu­r allemand.

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Depuis que le grand public l’a découverte au tournant des années 2000 comme voix du groupe Moriarty, Rosemary Standley a multiplié les projets – dont les deux très beaux albums enregistré­s avec la violoncell­iste Dom La Nena sous le nom de Birds on Wire – sur la foi que Leonard Cohen, Gilberto Gil, Gabriel Fauré et Henry Purcell partageaie­nt quelque chose en commun. Cet art de la chanson dans ce qu’elle a parfois de plus populaire est de nouveau à l’oeuvre dans ce Schubert in Love finement ouvragé par Arnaud Thorette et Johan Farjot.

Les têtes pensantes de l’Ensemble Contraste ont apporté à la chanteuse franco-américaine un magnifique écrin et un casting idéal pour servir au mieux et relire de manière vraiment originale, mais sans trahison, un répertoire d’airain. La Sonate pour arpeggione et l’Ave Maria vont voir du côté du jazz (avec l’élégante trompette d’Airelle Besson), tandis que le souffle romantique des lieder est subtilemen­t restitué sur un mode folk (avec l’aide de la grande Sandrine Piau). Partout, la simplicité touchante de Rosemary Standley – sublimée par l’acoustique cristallin­e de l’abbaye de Noirlac – fait merveille. Les puristes obsédés de partition et de diction – il en faut quand la démarche l’exige – seront bien obligés de lâcher sur l’authentici­té (plutôt bien traitée) devant tant de sincérité et de délicatess­e. Mais, surtout, on envie ceux qui découvriro­nt un nouveau monde grâce à cet album véritablem­ent enchanteur. Bruno Guermonpre­z

Schubert in Love, de Rosemary Standley/Ensemble Contraste (Alpha/Outhere).

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