LA CHRONIQUE
d’Éric Zemmour
La France est toujours dupe de sa générosité. » On ne pouvait pas ne pas songer à cette phrase de Chateaubriand en contemplant le parcours criminel de ce jeune tchétchène qui s’est achevé avec la décapitation du professeur de Conflans-Sainte-Honorine. Voilà un jeune homme qui, comme beaucoup de ses compatriotes, demande le droit d’asile à la France pour de prétendues persécutions. Devant son discours convenu et formaté, et ses débuts prometteurs de délinquant, l’Ofpra lui refuse. Qu’à cela ne tienne : les avocats – généreusement payés par la République française – présentent un recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Qui fait semblant de croire à son discours victimaire. Et le voilà paré d’un titre de séjour de dix ans. Et de toute manière, puisqu’on n’expulse presque aucun droit d’asile débouté, il n’y a pas à s’en faire. Il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. On imagine ce qui est déversé alors sur la tête de la famille du jeune tchétchène : aides sociales, aides au logement, priorité aux HLM, gratuité des transports, aides à la formation, etc. La machine sociale française a les yeux de Chimène pour les étrangers en général, et les demandeurs de droit d’asile en particulier. Et les mineurs – vrais ou faux – sont les plus chéris de tous. Selon le travail approfondi du magistrat Charles Prats, 43 % des bénéficiaires de la CAF (allocations familiales mais aussi allocations logement) sont nés à l’étranger. Selon la Cour des comptes elle-même, 50 % des retraités sont nés à l’étranger. Entre fraude de masse et invasion migratoire, on ne sait plus où donner de la tête ! État de droit et État providence à la française, les deux se cumulent. La France n’a plus depuis longtemps la main sur sa politique migratoire qu’on a sous-traitée aux immigrés eux-mêmes : enfants, ascendants, frères et soeurs, maris, femmes, cousins, étudiants, droit d’asile…, la liste est infinie. C’est un réservoir de main-d’oeuvre illimité pour les « vainqueurs de la mondialisation » qui vivent dans les métropoles et ont à leur disposition livreurs, nounous, cuisiniers, taxis, voire fournisseurs de drogue. Mais c’est surtout une question politique, presque philosophique. L’universalisme français, héritier du christianisme et de la Raison, de Pascal et Descartes, est devenu fou : il nie toute identité, tout enracinement : l’homme n’est plus qu’un être hors sol, un simple homo economicus sans racines ni cultures. Tout le monde peut devenir français. Tout le monde a le droit de vivre en France. Tous ceux qui s’y opposent sont racistes et islamophobes.
Le sentimentalisme et l’humanitarisme s’allient pour détruire la France. La religion des droits de l’homme se retourne contre le droit du peuple français à maintenir sa sécurité et à défendre son identité, sa civilisation. L’État de droit se retourne contre le droit de l’État. La souveraineté européenne, si chère à Emmanuel Macron, contre la souveraineté française. C’est une constante en France : à chaque fois, dans l’Histoire, que notre pays met du sentiment dans la politique, il y perd sa liberté, sa souveraineté. Et son âme.