Le Figaro Magazine

LITTÉRATUR­E

et le livre de Frédéric Beigbeder

- Christian Authier

★★★ Erika Sattler, d’Hervé Bel, Stock, 342 p., 20,90 €.

Encore un roman sur le nazisme ? Oui, mais un vrai roman, construit, inspiré, puissant, émouvant. Pas un docu-fiction scolaire et besogneux sur un criminel de guerre faisant trembler dans les chaumières. Dès le début du quatrième livre d’Hervé Bel, on est saisi. Un officier SS, Paul Sattler, sauve un déporté du camp où il officie et le cache dans la cave de sa maison. Plus tard, une jeune femme, Erika Sattler, quitte les bras d’un autre officier SS, un homme tel qu’elle les aime : viril, violent, nazi jusqu’au bout des ongles. Nous sommes en janvier 1945 dans la Pologne annexée. Les population­s allemandes installées dans le Wartheland doivent fuir sous le coup de l’avancée de l’Armée rouge. Erika prend la route. La faim, le froid, la terreur guident ses pas ainsi que ceux de milliers d’autres civils croisant soldats allemands en déroute, convois de déportés et Polonais avides de revanche. Presque malgré elle, Erika va prendre soin d’un petit garçon orphelin… Avec Erika Sattler, Hervé Bel fait le portrait d’une nazie sincère, acharnée, horrible, capable de générosité et de courage et, à travers elle, celui d’une humanité affolée. Bourreaux et victimes, héros et salauds connaissen­t parfois la même fin : « On a perdu tous ses biens, son mari, parfois ses enfants, mais pas seulement : le passé aussi a péri corps et biens. Les pierres, les colombages, les ravissante­s petites places fleuries où l’on a vécu son enfance et ses amours n’existent plus. » Et c’est ainsi que les hommes vivent.

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