PATRIMOINE
La crise sanitaire a fait bouger les lignes du marché du crédit. Les Français privilégient les crédits courts, jugés peu engageants, et n’entendent pas toucher à leur épargne de précaution.
La crise bouscule les habitudes, et c’est aussi vrai en matière de finances personnelles. Alors que les Français ont repris le chemin des magasins depuis mai, ils restent très prudents dans la gestion de leur budget. « La crise sanitaire génère une évolution du marché du crédit à la consommation. De nouveaux usages et motifs de souscription apparaissent ou se développent, en lien étroit avec la dégradation du pouvoir d’achat des Français et l’incertitude liée à la crise », souligne Mathieu Escarpit, directeur marketing de Cofidis. Les Français, qui se sont constitué un matelas d’épargne pendant le confinement – près de 90 milliards d’euros –, n’entendent pas le dégonfler. Selon un récent sondage CSA réalisé pour Cofidis, près d’un sondé sur deux (48 %) se dit même prêt à souscrire un crédit à la consommation pour ne pas avoir à toucher à ses économies. C’est 14 points de plus qu’en février. « C’est du ressenti et il convient d’être prudent, mais cela témoigne clairement d’un manque de confiance dans l’avenir », indique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Plutôt que de s’engager sur de longues durées, les Français disent aussi privilégier les crédits courts, vus comme peu engageants. Une personne interrogée sur quatre a l’intention de souscrire un paiement en 3 ou 4 fois avec sa carte bancaire. C’est particulièrement vrai chez les plus modestes. « Ce mode de paiement s’est accéléré avec la crise », constate Mathieu Escarpit. La crise sanitaire a pesé sur le marché du crédit à la consommation. Bloqués chez eux, les Français ont moins consommé. La production de prêts conso s’est effondrée (- 68 % en avril). Elle est revenue dans le vert depuis (+ 4,6 % de juin à juillet), dopée par l’achat de voitures – grâce à la prime à la conversion – et, dans une moindre mesure, par l’équipement de la maison. À l’inverse, les crédits renouvelables et des prêts personnels sont à la peine. Ces offres reculent sur les huit premiers mois de l’année de près de 20 %. Les Français évitent de s’engager sur un crédit long terme et la reprise de l’épidémie ne risque pas de leur faire changer de cap.