DU MÊME AUTEUR

Les inédits sont dans le vent. Cela sent les feuillets jaunis, la poussière. Des mains fébriles découvrent des manuscrits dans un tiroir. Joseph Roth ressuscite. Paul Léautaud donne de ses nouvelles posthumes. On a retrouvé un roman de Simone de Beauvoir. Cette avalanche à l’imparfait a du bon. Les écrivains ne meurent jamais. Un doute nous assaille. Et si quelqu’un rédigeait en douce des faux, signait des « À la manière de » ? L’imposture aurait de la gueule. La littérature s’en remettrait. À propos, quand Gallimard va-t-il se décider à publier le troisième volume de la correspondance Chardonne-Morand ?

Au cinéma, le cas est plus rare. Il faut être Orson Welles pour avoir gardé sous le coude De l’autre côté du vent (Netflix a fini par le sortir : une catastrophe). Il était habitué. Son Don Quichotte n’a pas été terminé. Il avait commencé le tournage de The Deep, avec Jeanne Moreau. Personne n’a vu Le jour où le clown pleura de Jerry Lewis. Les Petites Filles modèles de Rohmer ont été perdues. Clouzot abandonna L’Enfer en cours de route. Chabrol reprit le projet bien des années après en remplaçant Romy Schneider par Emmanuelle Béart. Le Napoléon de Kubrick resta lettre morte. Certaines oeuvres gagnent à être au conditionnel. Cela leur fournit une légende. Toute sa vie, Truman Capote annonça sa Recherche du temps perdu version new-yorkaise. Il n’en avait pas écrit une ligne. C’est de bonne guerre.