PRELJOCAJ NOUS PLONGE DANS UN “LAC” INATTENDU
Vous aimez la danse ? En voici. Pas forcément celle que vous attendiez pour un Lac des cygnes mais qu’importe. Après tout, l’art du spectacle n’est-il pas l’art de la surprise ? Dans ce nouveau Lac d’Angelin Preljocaj, le chorégraphe réussit la prouesse d’une totale réécriture tout en multipliant les références à l’oeuvre originale de Bourmeister. Il y a par exemple ce clin d’oeil appuyé avec la variation des quatre petits cygnes, ou ces diagonales de palmipèdes si caractéristiques de l’acte II. Enfin, au troisième acte, plutôt que de tomber dans un pastiche des fameuses danses de caractère hongroise, napolitaine et espagnole, le chorégraphe les revisite en les teintant de multiples influences, avec toujours l’optique de relier passé et présent.
« Comme si les cygnes d’antan nous faisaient des signes », dit-il avec son goût assumé pour la pirouette. Il suit la partition de Tchaïkovski, tout en y insérant judicieusement des ponts musicaux de 79D, un collectif aixois de musique électro. On est dans une autre histoire, un autre univers, mais on s’y glisse pendant deux heures avec délectation. Si certains effets, comme cette incursion dans une boîte de nuit, sont un peu faciles, le reste est à propos. Surtout, on danse beaucoup et bien. La qualité gestuelle de la troupe est exceptionnelle, les effets visuels sont efficaces ; les éclairages dessinent l’espace, les filles sont en costumes de couleur, les garçons en noir et blanc, les cygnes en tutu mais sans pointes… Preljocaj s’amuse à casser les codes mais réussit toujours à retomber sur ses pieds avec agilité. Pour notre plus grand plaisir.
À Aix-en-Provence jusqu’au 31 octobre, puis du 12 décembre au 21 janvier à Chaillot, à Paris.