Le Figaro Magazine

LA BANDE DE RENOMA

Depuis les années 1960, Maurice et Michel Renoma ont fait de leur boutique parisienne le repaire des garçons dans le vent.

- Renoma-paris.com Valérie Guédon

Au début des années 1960, la boutique Renoma est the place to be. « À mon sens, l’une des meilleures adresses du monde. Un endroit formidable, des gens très aimables », disait Eric Clapton en 1967, dans Rock & Folk. Dès son ouverture le 23 octobre 1963, l’échoppe parisienne de Maurice et Michel Renoma voit défiler tout ce que l’époque compte de célébrités.

« Bob Dylan et John Lennon mais aussi Francis Blanche, Louis de Funès, Patrick Dewaere, énumère Maurice, seul aux commandes depuis le retrait de son frère dans les années 1990.

Sacha Distel venait régulièrem­ent avec Brigitte Bardot. Et puis bien sûr, Serge Gainsbourg. » Le chanteur à la tête de chou, qui deviendra même le visage de la marque au Japon, contribue à popularise­r les costumes à rayures banquier et les chemises militaires de Renoma.

Pourtant, au départ, l’affaire est loin d’être gagnée. L’adresse, au 129 bis, rue de la Pompe, dans le 16e arrondisse­ment de Paris, est située dans « un quartier mort, nous avait-on prévenus à l’époque ». Mais les deux fils de tailleurs, pas encore majeurs, sont poussés par leurs désirs « de ne rien devoir à personne, d’être différents, connus et reconnus ». Et, surtout, en face de la boutique, il y a… le lycée Janson-de-Sailly. Aussitôt, la jeunesse dorée de l’établissem­ent s’y presse, et, de fil en aiguille, tous les minets de la capitale. « Nos costumes cassaient les codes, donnaient de l’assurance, une certaine attitude. En un mot, porter du Renoma, c’était la classe. » Les deux garçons dans le vent rompent avec la tradition, oublient les épaulettes, les doublures, exagèrent les volumes et adoptent les couleurs et les imprimés. Les années 1970 confirment le talent des frères. Le costume pourpre de Jean Rochefort dans Un éléphant ça trompe énormément (1976), ce sont eux. La robe de chambre violette qui

« mitraille sec » de Jean-Pierre Marielle dans Comme la lune (1977), encore eux. Cinquante-sept ans plus tard, la « White House », le nom d’origine du magasin en hommage à JFK, abrite toujours les créations de la griffe française. Maurice Renoma, également photograph­e, l’a transformé­e en

« boutique culturelle » et l’atelier de confection en un espace dédié à la création artistique. Au-dessus, l’Appart, une galerie d’art, accueille depuis septembre son exposition personnell­e, « Mythologie­s du poisson rouge », soit une série de clichés de son tour du monde avec Cristobal, son poisson en plastique. Histoire de bousculer encore et toujours l’establishm­ent.

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