Le Figaro Magazine

LES CUVÉES MAGIQUES DE LA CAVE DE TAIN

Après un léger passage à vide, ces jus retrouvent les sommets de l’appellatio­n Hermitage. Une histoire d’hommes qui débute avec Louis Gambert de Loche et se poursuit aujourd’hui avec Xavier Gomart, son directeur général.

- Frédéric Durand-Bazin

Lorsque les eaux du Rhône s’approchent de la colline de Tain, elles semblent s’en écarter en signe de respect, comme si elles devaient prendre un peu de recul pour mieux embrasser toute la magnificen­ce de ce site majestueux aux pentes abruptes. Sur son flanc, on aperçoit une chapelle, celle de Saint-Christophe, qui aurait accueilli au XIIIe siècle le chevalier Henri-Gaspard de Stérimberg à son retour de la croisade des Albigeois, ainsi que de multiples murets blanchis à la chaux sur lesquels sont inscrits, tels d’immenses panneaux publicitai­res, les noms des grands domaines de l’appellatio­n. Sur l’un d’eux est apposé le blason triangulai­re de la cave de Tain. « Nous y possédons 22 hectares de vignes, auxquelles se rajoutent 8 hectares travaillés par nos adhérents », se réjouit Xavier Gomart. Une assise foncière qui en fait le deuxième producteur de la colline, excusez du peu. L’histoire remonte à 1933, lorsque Louis Gambert de Loche décide de créer une structure coopérativ­e avec une centaine de vignerons de l’appellatio­n et de Crozes-Hermitage. En 1967, il décidera même de laisser ses vignes à la coopérativ­e. C’est sur ce trésor que la cave va bâtir sa réputation. Alors que des producteur­s comme Chapoutier mettent en avant leurs cuvées parcellair­es, quand d’autres, comme Chave, privilégie­nt les assemblage­s, la cave de Tain peut se permettre d’allier le meilleur des deux mondes. « Nous avons la chance d’avoir des vignes sur les 11 quartiers de l’appellatio­n, ce qui nous permet de faire de l’assemblage avec du parcellair­e », poursuit Xavier Gomart. Outre la cuvée de base, qui se décline d’ailleurs en bio, sont proposées trois cuvées parcellair­es de haut vol. La première, Au coeur des siècles, est un blanc issu principale­ment de marsanne (54 €). La cuvée Gambert de Loche rend hommage à son fondateur et est issue des lieux-dits Le Méal, l’Hermite, Les Murets, La Beaume, Touet, Gambert et La Croix (115 €). Enfin, la cuvée Epsilon, qui n’est produite que dans les meilleurs millésimes, provient d’un assemblage à parts égales des deux terroirs mythiques de l’appellatio­n : l’Hermite et Le Méal (264 €). Sans oublier, bien entendu, le vin de paille, un nectar issu de raisins passerillé­s, c’est-à-dire dont on laisse les grains se dessécher à l’air libre pour qu’il concentre ses sucres (124 €). Voilà de quoi commencer à mieux comprendre toute la magie de cette colline magique, dont les vignes tutoient le divin.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France