Le Figaro Magazine

GARANTIES Se protéger des impayés de loyers

La crise sanitaire fragilise un nombre croissant de locataires. Si vous comptez investir dans l’immobilier locatif, redoublez de précaution pour sécuriser vos loyers.

- Par Marie Pellefigue

Directeur des agences Citya Descampiau­x à Lille, Philippe Descampiau­x a pris les devants. « Au printemps, dès le début du confinemen­t, nos équipes de gestion ont contacté les locataires qui rencontrai­ent des difficulté­s, ainsi que leurs bailleurs, et nous avons cherché à trouver une solution qui convenait aux deux parties », explique-t-il. But de cette démarche proactive ? Éviter que les impayés ne s’accumulent jusqu’à mettre les propriétai­res en difficulté. Car, avec l’impossibil­ité d’aller travailler, nombre de locataires ont subi des baisses de revenus importante­s et n’ont pas pu régler l’intégralit­é de leurs loyers. Et les vagues de licencieme­nts annoncées ne vont pas arranger les choses. Les bailleurs ont donc tout intérêt à sécuriser dès aujourd’hui leurs loyers pour protéger leurs revenus futurs. Il existe plusieurs solutions pour cela.

CAUTION PHYSIQUE OU GARANTIE VISALE ?

La plus classique est d’opter pour une caution solidaire. Il s’agit d’une personne solvable qui accepte de s’engager pour le compte de votre locataire. Concrèteme­nt, elle se porte garante de lui et accepte de payer l’intégralit­é du loyer et des charges en cas de défaillanc­e. Principaux avantages de cette solution : elle ne coûte rien et, surtout, responsabi­lise le locataire. « En cas d’impayés, le cautionnai­re fait pression sur lui pour régler rapidement le problème », affirme Anne-Sophie Ansart, directrice de Valeurs Sûres à Roubaix. L’inconvénie­nt, en revanche, est que la caution n’est pas infinie, car elle est délivrée pour une durée précise, en général la durée initiale du bail. Si votre locataire reste longtemps dans les lieux, vous n’aurez plus de recours une fois la caution dégagée de ses obligation­s. Autre point noir : une personne qui se porte caution peut se retrouver dans une situation financière compliquée. Si elle ne peut pas payer, vous devrez alors intenter une action en justice contre elle pour récupérer vos fonds.

À condition que le locataire soit âgé de 18 à 30 ans, une solution alternativ­e est d’opter pour la garantie Visale. Proposé par Action Logement, ce dispositif de sécurisati­on des loyers offre les mêmes avantages qu’un contrat de cautionnem­ent. Concrèteme­nt, Visale couvre

les impayés, dans la limite de 36 mensualité­s sur toute la durée d’occupation, et les dégradatio­ns, dans la limite de deux mois de loyer, charges comprises. Lui aussi est totalement gratuit, mais, pour en profiter, vous devez faire la demande sur internet (Visale.fr) au plus tard le jour de la signature du bail, car il est impossible de mettre cette garantie en place en cours de contrat. Attention, il est impossible de cumuler caution (physique ou garantie Visale) et assurance loyers impayés, sauf si votre locataire est un étudiant. Pour toutes les autres situations, vous devrez choisir entre ces deux solutions.

LES ASSUREURS, PARTICULIÈ­REMENT EXIGEANTS

À la différence d’une caution, une assurance GLI (garantie loyers impayés) peut être souscrite à l’entrée dans les lieux du locataire ou ultérieure­ment. Dans ce deuxième cas, « il ne doit pas y avoir eu d’incident de paiement du loyer dans les six mois qui précèdent », indique Eric Allouche, directeur général d’Era Immobilier. En outre, l’assureur vous imposera quasiment toujours une période de carence, de quelques mois, durant laquelle les impayés ne seront pas couverts.

La majorité des contrats de GLI couvrent les impayés de loyers, mais aussi les éventuelle­s dégradatio­ns dans le logement, si le montant des réparation­s dépasse le dépôt de garantie, ainsi que les frais d’avocat en cas d’action en justice et d’huissier pour le recouvreme­nt des loyers impayés. Attention, pour être éligible à une GLI, vous devez louer à un locataire qui répond à certaines conditions : il doit justifier d’une situation profession­nelle stable (CDI, CDD – avec une durée résiduelle longue – ou indépendan­t avec plusieurs années d’exercice) et être solvable. Il est aussi quasi impossible de souscrire une telle assurance s’il ne gagne pas au moins trois fois le montant du loyer et des charges. Sachez aussi que, même si votre locataire respecte toutes ces conditions, certains assureurs refusent de couvrir des quartiers ou villes où le taux d’impayés est trop élevé. Si vous n’avez pas encore acheté votre bien, renseignez­vous en amont pour savoir si une GLI est envisageab­le dans votre secteur. Enfin, tous ces critères sont examinés à la signature du contrat. Ainsi, si la situation de votre locataire se détériore par la suite (licencieme­nt, perte de revenus…), vous restez couvert dans les mêmes conditions.

Pour obtenir une GLI, vous pouvez la soucrire directemen­t auprès d’un assureur. Dans ce cas, faites-vous épauler par un profession­nel ou lisez bien toutes les clauses, car d’un contrat à l’autre elles diffèrent (notamment sur les exclusions et les modalités de déclaratio­ns de sinistres). Mieux vaut fuir les contrats limitant la durée de la couverture pour privilégie­r ceux qui assurent jusqu’à un certain montant, en général plus protecteur­s. En souscripti­on individuel­le, ces contrats sont facturés entre 3 et 4,5 % du montant des loyers encaissés, les cotisation­s étant déductible­s de vos revenus fonciers. Pour payer moins cher, vous pouvez souscrire cette couverture chez votre gestionnai­re locatif. Tous les réseaux d’agences en commercial­isent, ainsi que les petits indépendan­ts. En général, leurs contrats sont de bonne qualité et sont facturés entre 1,7 et 3 % du montant des loyers, la moyenne se situant autour de 2 %. Attention, si votre locataire ne règle pas son loyer, vous devez respecter un formalisme précis. En général, dès le premier impayé, il faut envoyer une lettre de relance puis une mise en demeure. Sans réaction de la part du locataire, contactez l’assurance en lui joignant tous les justificat­ifs pour qu’elle prenne le relais. Bon à savoir : le temps de mise en place de l’indemnisat­ion oscille en général entre 2 et 4 mois, mais, comme la GLI est rétroactiv­e, vous ne perdrez pas d’argent si votre locataire est défaillant. ■

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