Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

- Éric Zemmour

d’Éric Zemmour

Ils n’ont que ce mot à la bouche. À gauche comme à droite, et au centre, à la France insoumise mais aussi au Rassemblem­ent national. C’est le point de consensus entre Macron, Le Pen, Mélenchon et les autres. La République sur tous les tons et à toutes les sauces. La République comme réponse à tout. Un extraterre­stre qui débarquera­it en France pourrait croire que la France est sous la menace d’un putsch monarchist­e, et que tous les Républicai­ns doivent s’unir. Il n’en est rien : la République n’est pas menacée et c’est peut-être pour ça qu’elle est si défendue. La République, ses valeurs et sa sacro-sainte laïcité. La réponse du président aux attentats islamistes, c’est la République. Et son arme est la laïcité. Qui y croit sérieuseme­nt ? Qui croit qu’un homme prêt à décapiter un professeur parce que celui-ci a insulté Allah sera arrêté par les règles de la laïcité ? On n’est pas dans le même registre. D’un côté, des règles juridico-politiques ; de l’autre, une foi fanatisée qui veut imposer un système juridico-politique de remplaceme­nt : la charia. Ce n’est pas la République qui est visée, mais la France. Une France à la fois chrétienne et irrévérenc­ieuse, la France des croisés et de L’Assiette au beurre.

Dans la bouche de nombre de politiques, la République est, depuis des années, le moyen commode de ne plus prononcer le mot France. Cette France qui doit se fondre dans l’Europe. La France qui sous-entend un enracineme­nt, une histoire, une géographie, un peuple, une culture, des moeurs. Bref, une civilisati­on. Une France à laquelle on doit s’assimiler. À Rome, faire comme les Romains. Et à Paris, faire comme les Parisienne­s. La République, c’est plus commode, cela signifie seulement une légalité superficie­lle qui fait consensus. Au-delà commencent les ennuis.

Les territoire­s perdus de la République sont les territoire­s perdus de la France. Des enclaves qui, parce qu’étrangères, sont devenues le terreau d’une contresoci­été fondée sur les règles islamiques. Un contre-pays : l’oumma. Une contre-civilisati­on qui produit terroriste­s islamistes et délinquant­s bas de gamme. Le djihad pour tous. Malraux l’avait dit : « Une civilisati­on, c’est ce qui s’agrège à une religion. »

C’est parce que la classe politique a voulu se débarrasse­r de la France qu’elle a fait de la République un tigre de papier. Une République réduite à des valeurs abstraites et à une laïcité limitée à la liberté de croire ou de ne pas croire, et à la neutralité de l’État, en oubliant son troisième pilier, à savoir un « devoir de discrétion » des religions dans l’espace public qui, en évacuant Dieu du débat, permet seule un affronteme­nt rationnel au sein de l’espace des idées et des conviction­s. La République peut être unitaire ou fédérale, italienne ou américaine, libérale ou populaire, laïque ou islamique. Seule la France est française. Et comme disait Péguy, dans sa célèbre formule : « La République, notre royaume de France. »

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