LES INDISCRÉTIONS
de Carl Meeus
Chiraquien, Christian Jacob a connu des moments politiques difficiles. Quand Jacques Chirac était loin derrière Édouard Balladur dans les sondages fin 1994, début 1995, notamment. Le patron des Républicains sait ce que signifie tenir la barre dans la tourmente. Ce ne sont donc pas les pressions de certains de ses amis pour organiser rapidement une primaire et choisir le candidat des LR à la présidentielle de 2022 qui le feront bouger. « Dans cette période, il faut avoir les nerfs solides », estime le député de Seine-et-Marne. Hostile à une primaire ou tout autre système de départage, il préfère la décantation naturelle. « L’idéal, c’est qu’un candidat se dégage. » En attendant, le président des LR estime avoir fait le job : il a remis son parti au travail – avec les conventions thématiques –, a calmé les esprits – tout le monde se reparle, même ceux qui avaient quitté la famille –, a renoué avec la victoire – les municipales en mars et les sénatoriales en septembre. Restent les régionales et les départementales, dont il espère qu’elles se tiendront en mars ou en juin prochain, mais pas plus tard. Et surtout sans accord avec LREM. « Ils portent la poisse, assuret-il, se souvenant des municipales. Ils n’existent pas localement. Ce n’est pas à nous de leur tendre la main ! » Lecteur toujours attentif du Figaro Magazine, Christian Jacob a pointé une erreur dans cette page la semaine dernière : en 2010, Xavier Bertrand n’était pas président du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Il était secrétaire général du parti, avant de laisser la place à Jean-François Copé. Et c’est Christian Jacob qui lui a succédé à la tête du groupe au Palais-Bourbon.
Il est de bon ton dans les médias ces temps-ci de critiquer le premier ministre pour sa faiblesse politique et sa chute dans les sondages. « Les journalistes sont des étourneaux sans mémoire qui volent d’arbre en arbre », comme l’écrivait Franz-Olivier Giesbert. Ce que dit aujourd’hui ce conseiller ministériel : « On critique Jean Castex, mais il faut se souvenir des premiers mois d’Édouard Philippe. » Le premier chef du gouvernement d’Emmanuel Macron voit lui aussi sa cote de confiance baisser rapidement. Le baromètre Kantar l’atteste : il démarre à 49 % en juillet 2017 et se retrouve à 36 % en novembre. Une chute plus importante que celle de son successeur (33 à 28 % en octobre 2020), dans un contexte moins compliqué (crise économique doublée de l’épidémie de Covid). Si Édouard Philippe réunit près de 3,2 millions de téléspectateurs sur France 2, Jean Castex n’en persuade que 2,3 de regarder son émission politique. Mais le maire du Havre rate sa rentrée médiatique sur RMC en hésitant sur plusieurs chiffres. Au point que Le Figaro titrera : « Édouard Philippe ne convainc pas pour sa rentrée politique. » Reste que le climat au lendemain de la présidentielle était moins tendu qu’à moins de deux ans de la prochaine. La perspective de la campagne aiguise les appétits. Et pas seulement ceux des adversaires politiques du premier ministre mais aussi de ceux dans son camp qui espèrent lui succéder.
Spécialiste de l’opinion, Chloé Morin dissèque les études, et notamment celles qu’elle demande à OpinionWay de réaliser pour sa société, Societing. La dernière, effectuée après l’attentat contre Samuel Paty, est édifiante : « Il y a une convergence de toutes les tendances politiques vers des mesures dures et punitives », constate-t-elle. Des électeurs d’Hamon en 2017 (fermer les lieux de culte) à ceux de Mélenchon (resserrer les vis), peu nombreux sont ceux qui adhèrent au « pas d’amalgame ». Conclusion sans appel : « La partie de la gauche incarnée par Edwy Plenel ou Rokhaya Diallo ne pèse strictement rien. S’en distinguer risque de devenir une question de survie pour le reste de la gauche. »
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