VA VA VOOM

Le film est en noir et blanc. On ne saura jamais de quelle couleur est la Lancia Aurelia de Vittorio Gassman dans Le Fanfaron. En revanche, dans Les Choses de la vie, l’Alfa Romeo était grise : Piccoli avait un accident avec sur la route du Mans. La Ford Mustang de Trintignant dans Un homme et une femme avait le numéro 184 imprimé sur la portière. Celle de Steve McQueen dans Bullitt décollait dans les rues en pente de San Francisco. La 2 CV de Bourvil dans Le Corniaud tombait en miettes place du Panthéon. Thelma et Louise fonçaient dans le vide du haut d’un ravin au volant de leur Thunderbird décapotable. La Plymouth de Duel était pourchassée par un énorme poids lourd. Le Michael Caine de L’or se barre utilisait des Mini Cooper pour faire un hold-up. Les nostalgiques se souviennent avec émotion de la Coccinelle de Walt Disney. Les amoureux de New York ont toujours rêvé de monter dans le Checker jaune conduit par De Niro dans Taxi Driver. À l’écran, les bagnoles ont de la gueule. Elles volent la vedette aux acteurs. C’était l’époque où les automobiles avaient une âme. On les reconnaissait à leur forme. Les Mercedes avaient un insigne en métal sur le capot. Des indélicats s’amusaient à les collectionner. James Bond ne pouvait rouler qu’en Aston Martin, ce modèle anglais à bord duquel Roger Nimier trouva la mort sur l’autoroute de l’Ouest. La vitesse est limitée à 80. Il faut attacher sa ceinture. Il y a des péages partout. Et dans les salles de cinéma, on n’a même plus le droit de fumer. En plus, elles viennent de fermer. Comment disaient les réalisateurs, déjà ? Moteur !