Le Figaro Magazine

PATRIMOINE

Le climat d’incertitud­e pèse sur la collecte, malgré des rendements autour de 4 %. Le financemen­t de parts à crédit se tarit.

- Jorge Carasso

La situation actuelle bouscule toutes les certitudes en matière de placements et le reconfinem­ent n’aide pas à y voir plus clair. C’est vrai pour l’assurance-vie, dans le rouge depuis mars mais aussi pour les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), ces fonds immobilier­s habituelle­ment prisés des épargnants. L’année dernière, les Français se sont rués sur ces produits (9,2 milliards d’euros de collecte, du jamais-vu) et les premiers mois de 2020 avaient encore amplifié la tendance. Las, le confinemen­t a tout balayé. Les souscripti­ons sont tombées à 900 millions d’euros d’avril à juin, selon France SCPI (– 60 % sur un an). Et les mois suivants n’ont pas renversé la vapeur (1,01 milliard d’euros de juillet à septembre). « Juillet, août et septembre sont des mois où les souscripti­ons sont traditionn­ellement plus faibles. Hors 2019, on est proche de la collecte d’il y a deux ans à pareille époque », nuance Paul Bourdois, de France SCPI. Pourtant, ce manque d’appétit pour la pierre papier peut surprendre. Les sociétés de gestion ont plutôt bien manoeuvré pendant la crise, aidées par le soutien à l’économie des pouvoirs publics et le taux de recouvreme­nt des loyers a été très bon (autour de 80 %). Le rendement 2020 était attendu, avant le reconfinem­ent de fin octobre, autour de 4 % en moyenne.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer le recul de la collecte. L’économie du pays inquiète aussi et miser sur des bureaux ou des commerces en cette période peut faire peur. De plus, les épargnants cherchent avant tout de la liquidité (la collecte du Livret A en témoigne). Or les

SCPI, très chargées en frais, sont des produits qu’il vaut mieux détenir une dizaine d’années. Enfin, les banques serrent aussi la vis côté crédit. Elles prêtent difficilem­ent à moins de 100 000 euros et exigent bien souvent un matelas d’épargne d’au moins 10 %. Par ailleurs, elles prêtent plus facilement aux propriétai­res qu’aux locataires. Pour ces derniers, avoir 60 000 euros de côté est aujourd’hui nécessaire s’ils veulent que leurs dossiers aillent au bout. « Les critères sont différents pour chaque banque mais, dans l’ensemble, c’est plus strict et les refus sont plus nombreux », constate Benjamin Deneux, de chez Theseis. Avec le nouveau confinemen­t, ces freins aux souscripti­ons devraient sans doute se prolonger.

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